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Canadian Girls.
On a beau chercher, les films sur les cheerleaders sont une denrée extrêmement rare (jeunes filles qu’on appelle plus communément et de manière kitsch et ingrate dans la langue de Molière les pom-pom girls). Cette pratique totalement nord-américaine ou, à la limite, anglo-saxonne, n’a donc pas les honneurs de se voir mise à l’honneur au cinéma à quelques exceptions près. Comme le catch, c’est un sport qui lorgne sur la gymnastique acrobatique mais en mode plus spectacle. Alors bien sûr, il existe pléthore de longs-métrages avec des pom-pom girls en personnages principaux ou secondaires (notamment dans les teen-movies ou les slashers) ou avec juste ce milieu en vague toile de fond. En revanche, le seul film qui porte uniquement sur elles et ce sport est le kitsch et culte (outre-Atlantique seulement) « American Girls », qui a accouché de cinq (!) suites dévolues au marché vidéo ou VOD. Mais c’était une pure comédie ne rendant pas honneur à la complexité insoupçonnable de ce sport (comme peut l’être le catch à un certain niveau et quoi qu’on en pense). Ce premier film canadien corrige le tir, car « Backspot » est un vrai film sportif entièrement axé sur cette discipline et de manière sérieuse.
D’ailleurs le film commence très bien en évacuant directement les clichés sur cette pratique. Ici, pas de greluches sans cervelle uniquement destinées à encourager l’équipe de football masculine lors des matchs. Non, on a affaire à des jeunes filles ambitieuses et enclines à la compétition, à un entraînement complexe et difficile, à des blessures qui font penser à celles des danseuses de ballet ou encore à des questionnements sur les choix des filles, qu’on assimile à des poupées et qu’on sélectionne aussi bien - voire plus - sur leur physique que sur leurs qualités sportives (d’ailleurs ce dernier point est intéressant mais trop vite survolé ici). Bref, « Backspot » est instructif et fait clairement changer notre regard sur le cheerleading comme « The Wrestler », « The Iron Claw » ou « Cassandro » ont pu le faire sur le catch. De plus, l’héroïne est lesbienne, la coach aussi, mais le script a l’intelligence de ne jamais mettre cela en avant ou d’en faire la propagande en mode lobby LGBT. Riley est gay, amoureuse et heureuse, et à ce niveau et ce n’est qu’un trait de caractère : de l’inclusion sobre, bien faite et jamais poussive. Quant à la réalisation du DJ D.W. Waterson, elle est bourrée d’énergie et en totale adéquation avec le sujet, notamment lors des séquences d’entraînement, tantôt impressionnantes mais aussi parfois répétitives. Il nous livre quelques beaux plans originaux et colorés qui marquent l’œil.
Tout cela partait donc du bon pied et nous permettait de rentrer dans les coulisses parfois surprenantes de cette pratique sportive aux dessous méconnus. Malheureusement, le scénario est bien trop lâche et tourne vite en rond. En plus des séquences d’entraînement de plus en plus redondantes, les moments hors de la salle d’entraînement ne sont guère passionnants, que ce soit l’histoire sentimentale de Riley (en mode bluette adolescente sans grands enjeux) ou le côté familial (sous-exploité et finalement inutile). Ce qui a pour effet de, petit à petit, nous ennuyer et on commence à beaucoup moins adhérer à cette proposition pourtant originale et stimulante de prime abord. Manque de développements, sujets investis qui restent à la surface ou scènes répétitives, « Backspot » finit par nous lasser et on est un peu déçu du final qu’on aurait aimé plus impressionnant, si ce n’est que c’est peut-être juste réaliste avec un choix musical étonnant : « Come on Eileen »! En revanche, il fait plaisir de revoir deux actrices de teen-movies du début des années 2000 : Evan Rachel Wood (découverte dans « Thirteen » et devenue star de la série « Westworld ») dans une prestation étonnate ici et Shannyn Sossamon (révélée dans le culte « Les Lois de l’attraction »).
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