L'histoire d'Amy Winehouse, décédée en 2011 à l'âge de 27 ans d'une consommation excessive d'alcool après une longue période de sobriété, en est une puissante, qui, sans aucun doute, est l'écrin parfait pour un drame biographique fascinant. Mais, l'approche est importante. Comment raconte-t-on la vie de cette autrice-compositrice-interprète devenue une icône de sa génération sans tomber dans le mélodrame? Back to Black n'a malheureusement pas trouvé la bonne recette.
En 2003, Amy Winehouse, qui vient de sortir un premier album remarqué, rencontre Blake Fielder dans un bar. Celle-ci s'éprend de lui dès le premier regard. Sa consommation d'alcool, qui chasse sa timidité, mais la rend souvent agressive et irritable, aura raison de cette relation passionnée. Lors de la même période, Amy apprendra le décès de sa grand-mère, une de ses personnes préférées au monde. Tous ces évènements traumatisants l'amèneront à écrire son album à succès « Back to Black ». Peu de temps après la sortie de cet opus, Amy se réconciliera avec Blake, et les deux tourtereaux se marieront. Leur lune de miel sera de courte durée, puisque Blake sera emprisonné pour deux ans. Avant sa sortie de prison, il annoncera à Amy qu'il souhaite divorcer. Celle-ci, désemparée, finira par accepter d'aller en cure de désintoxication. Les cinq Grammy Awards qu'elle recevra plus tard ne l'empêcheront pas de retomber dans son vice, et d'y trépasser.
Back to Back transpire de compromis et d'inconforts. La réalisatrice Sam Taylor-Johnson alloue presque entièrement la responsabilité de la mort de la chanteuse à son ex-époux, qui a probablement quelque chose à voir dans la tragédie, mais à ce point-là, vraiment? Le long métrage manque d'impartialité, et de créativité aussi. Amy Winehouse est un personnage tellement complexe, qui s'est battu toute sa vie contre des démons qu'elle ne pouvait faire taire qu'en les noyant dans l'alcool. Il s'agit d'un sujet tellement riche qu'on ne peut se résoudre à accepter un produit si unidimensionnel.
Heureusement, Marisa Abela est formidable dans la peau de la chanteuse britannique. En plus de lui ressembler physiquement et d'avoir réussi à reproduire son timbre de voix particulier, elle transpire d'une excentricité contagieuse. On devient rapidement obnubilé par cette femme émancipée qui n'acceptait aucun carcan. Jack O'Connell fait aussi un Blake convaincant, qu'on aime détester.
Back to Black aurait nécessité plus d'audace et de témérité, deux choses que possédaient pourtant la protagoniste à la tonne. Amy Winehouse - et son destin tragique - mérite un hommage cinématographique digne de ce nom, mais ce n'est pas celui-ci.