Babylon de Damien Chazelle est probablement le pire film de 2022. Certains me diront peut-être : vous n'avez rien compris à ses intentions! Et, ils auront tout à fait raison : je n'ai absolument rien compris à cette cacophonie assourdissante et dépressive qu'on voudra nous faire passer pour un hommage au septième art. Si le film était de 90 minutes, il ne serait certainement pas aussi insupportable, mais faire durer le massacre pendant plus de 3 heures 10, c'est prendre les cinéphiles pour des imbéciles.
Babylon n'a pas vraiment de ligne directrice. On fait la rencontre des trois personnages principaux lors d'une fête décadente à Hollywood dans les années 20 : une jeune actrice frivole, un acteur prolifique et un assistant mexicain sans histoire qui rêve de fréquenter les plateaux de tournage. On les suit dans leur ascension vers l'aboutissement de leurs rêves, et les accompagne dans leur irrémédiable déchéance.
Le regard austère que Damien Chazelle porte sur le cinéma se reflète dans l'atmosphère démoralisante de son film qui, en plus de ne pas être intéressant, est incroyablement lourd. On voudrait aimer son cynisme, le trouver élégant et audacieux, mais il n'est que triste. Les acteurs Diego Calva Hernández, Margot Robbie et Brad Pitt livrent des performances honnêtes, mais n'arrivent pas à sauver les meubles, brûlés par le fantasme terrassant du réalisateur. Damien aurait-il oublié que le cinéma n'est pas un art individuel, mais collectif? Qu'il s'adressait à des gens? Parce qu'on a vraiment l'impression qu'il se noie dans le fil de ses propres idées, jusqu'à nous entraîner dans son engloutissement.
Il propose des monologues - qu'il veut - profonds et des plans - qu'il veut - évocateurs, mais ses efforts perdent rapidement toute valeur au coeur de cet ensemble dissonnant. C'est une oeuvre à grand déploiement, certes, visuellement plutôt harmonieuse, seulement, c'est loin d'être suffisant. On peut aussi certainement applaudir l'émotion vive qu'elle provoque chez nous, dommage par contre que celle-ci soit de la consternation et du désenchantement.
Je n'en dis pas plus. Je crois que vous aurez bien compris que je n'ai pas aimé Babylon, et même qu'il m'a rendue amère. Si vous pouvez vous épargner cette affliction, faites-le.