Baby Driver a toutes les chances d'être le succès de l'été. C'est amusant, enlevant et assez unique en son genre.
Fallait-il s'attendre à autre chose d'un film d'Edgar Wright, le cinéaste qui a redéfini le long métrage de zombies (Shaun of the Dead) et celui de flics (Hot Fuzz)? Après la semi-déception que constituait The World's End, le voici de retour en grande forme en offrant probablement son meilleur effort à ce jour, tout juste derrière Scott Pilgrim vs. the World.
Le réalisateur britannique a eu une idée brillante qui a rarement été utilisée au cinéma : recourir à de la musique de la première à la dernière image. Hormis quelques exceptions, notre héros a toujours un iPod branché sur les oreilles et le spectateur entend la trame sonore épique de son existence. On passe donc du rock au jazz, de la pop au hip-hop. Un fabuleux jukebox où l'on retrouve les Beach Boys, Dave Brubeck, Queen, T. Rex, Beck, Blur et autres John Spencer Blues Explosion. Les bruits du quotidien sont également utilisés, que ce soient ceux des passants ou des balles qui sifflent, ce qui donne un effet saisissant d'une comédie musicale hors du commun.
Ce n'est qu'une des nombreuses illuminations du metteur en scène, qui a dû voir les plus grandes oeuvres de voitures (The French Connection, Bullitt...) pour accoucher de poursuites mouvementées et à couper le souffle, à faire pâlir tous les Fast and Furious et Cars de ce monde. Il y a de l'action à revendre et même une romance extrêmement mignonne qui met grandement en valeur le charme de Lily James.
Maître de la surenchère, de l'esbroufe et de l'exercice de style, Wright se perd ironiquement lorsqu'il redescend sur terre. En tentant de construire une histoire en bonne et due forme, il s'accroche les pieds dans les conventions. Alors qu'il est à un doigt de transcender le film de casse, le voilà se briser les dents en la jouant plus émotif, notamment auprès d'un beau-père sourd ou en abusant d'ellipses familiales. La magie qui s'opérait jusque-là finit par s'évaporer et le long métrage en pâtit à mi-chemin.
C'est d'autant plus regrettable que l'introduction, la conclusion, tous les moments musclés et ceux plus ludiques atteignent régulièrement le nirvana. Les gags sont omniprésents (il y en a même un sur Monsters Inc.) et les personnages bien colorés. Le protagoniste plus-que-parfait est campé par l'angélique Ansel Elgort qui s'acquitte honorablement de la tâche. Il est secondé à la perfection par l'insaisissable Kevin Spacey, le charismatique Jon Hamm et le violent cabotin Jamie Foxx.
Baby Driver a toutes les chances de devenir culte. L'ensemble survitaminé carbure à l'adrénaline, à la fantaisie et à l'imagination la plus pure. Les éclairs de génie sont nombreux dans cette production hyper stylisée qui ne fait qu'une bouchée de la substance. À tel point qu'elle aurait pu y aller encore plus à fond et laisser libre cours à sa folie généralisée.