Avec son premier long métrage à titre de réalisatrice, la comédienne Pamela Adlon nous propose un énième récit tournant autour d'une « adulescente » se retrouvant dans une situation la poussant à gagner rapidement en maturité.
Mais toutes ces nouvelles responsabilités venant avec la venue annoncée d'un enfant signifient-elles de faire fi du moindre brin de folie?
Babes débute lorsque Dawn (Michelle Buteau) réalise qu'elle est sur le point d'accoucher après avoir perdu ses eaux sur plusieurs sièges d'une salle de cinéma. Une fois l'accouchement terminé, sa meilleure amie Eden (Ilana Glazer, qui cosigne également le scénario), une professeure de yoga qui ne s'en fait pas trop avec la vie, quitte l'hôpital et tombe par hasard sur Claude dans le wagon d'un métro newyorkais.
De fil en aiguille, les deux adultes majeurs et vaccinés découvrent qu'ils ont plus d'un point en commun, et finissent par passer le reste de la nuit ensemble.
Quelques semaines plus tard, Eden découvre qu'elle est enceinte. Mais lorsqu'elle tente de retrouver Claude pour lui faire part de la nouvelle, elle apprend que ce dernier a perdu la vie le lendemain de leur rencontre. Malgré le choc, Eden décide de garder le bébé, pouvant compter sur le soutien de Dawn.
Mais à mesure que les mois passent, la réalité finit par rattraper le duo, jadis inséparable.
La trame dramatique de Babes se déploie sur un canevas assez traditionnel de comédie indépendante mettant en scène de jeunes adultes vivant à New York, dans des appartements qu'ils ne peuvent clairement pas se payer. Le tout est efficacement cadencé par des dialogues crus et des comportements désinhibés, produits par des personnages particulièrement bruyants et extravagants confrontés à de nouvelles leçons de vie.
Ce qui permet d'abord au présent long métrage de tirer son épingle du jeu, c'est la façon dont Adlon et Glazer font sentir leur présence et leur identité respective aussi bien dans le ton et le rythme que dans le mélange d'humour verbal et physique.
La grande complicité dont font preuve les deux têtes d'affiche permet également au scénario de couler de source à l'écran - même si l'interprète d'Eden en fait parfois à un peu trop.
Surtout, Babes regorge d'observations franches - livrées de manière forcément émotive, mais toujours avec une savante pointe d'humour - sur la grossesse, sur la parentalité, sur les changements qu'elle implique sur le plan social et au niveau des relations interpersonnelles, tout comme son impact sur la santé mentale. Un ensemble de problématiques que le film aborde habilement à travers le parcours de deux femmes se situant à des stades différents de leur vie de mère, et de leur progression en tant qu'individu.
Glazer et son coscénariste Josh Rabinowitz optent toutefois de plus en plus pour la facilité et les lieux communs en cours de route, proposant des résolutions venant quelque peu contredire certaines intentions de départ, et rendant le dernier acte un tantinet trop fleur bleue et prévisible pour son propre bien.
Mais malgré ces passages moins inspirés, Babes ne manque pas de répliques savoureuses, ni de très bons moments de comédie. Même les personnages secondaires ont tous une chance de se faire valoir à tour de rôle, faisant oublier leur composition plutôt unidimensionnelle en soutenant allègrement la progression du récit.
Et avant toute chose, Babes tire son épingle du jeu de par l'empathie et la compassion dont les maîtres de cérémonie font preuve à l'égard de leurs sujets - et du public par la même occasion. Sans chercher à ménager qui que ce soit, Glazer et Rabinowitz préfèrent voir le bon côté des choses, et offrir un moment de répit et de simplicité bien mérité à leurs deux principaux personnages.
Oui, ce sera parfois l'enfer. Oui, elles auront souvent l'impression de ne pas en voir le bout... Mais ce sera un bel enfer malgré tout.