Un film pour les résumer tous. Ce serait un peu le slogan derrière Avengers: Endgame, la très attendue conclusion d'une série épique étendue sur plus de dix ans qui a engendré des milliards de dollars.
Les sceptiques seront (presque) confondus. Endgame est largement supérieur à son prédécesseur Infinity War. Il ne s'agit plus cette fois d'une vulgaire série télé mal emboîtée, mais d'une superproduction de trois heures. 20 minutes de moins que The Godfather: Part II.
Le long métrage utilise d'ailleurs cette longue durée à son avantage. Dès la magnifique introduction, c'est le silence et le calme qui règnent. Un sentiment de perte afflige les êtres et cette émotion dictera le récit. Cette fois, il y a 50 % moins de personnages et plus de temps alloué pour explorer leur psychologie, tâter leur âme en déroute. L'idéal pour ENFIN aller en profondeur.
Ce n'est évidemment pas une raison pour bouder l'humour. En fait, Endgame est l'épisode le plus drôle depuis Thor: Ragnarok. Chaque icône y met de son grain de sel, de l'hilarant Rocket poilu au trop naïf Ant-Man (ce personnage trouve finalement son utilité), en passant par Hulk qui commence à s'affirmer et Thor qui s'affiche dans une forme particulière.
Un mélange entre gravité et légèreté qui donne la chance aux éternels seconds violons - comme Nebula - de se faire valoir. Évidemment, rien n'est parfait. Qui voulait autant de Hawkeye, si c'est pour expliquer son absence du film précédent? Aux antipodes se trouve la coriace Captain Marvel qui malheureusement ne sert pratiquement à rien.
Renouant avec l'univers de Marvel pour la quatrième fois, Joe et Anthony Russo ne sont pas soudainement devenus de géniaux réalisateurs, mais sont toujours de bons techniciens capables d'aller au front et de livrer la marchandise. La tâche était lourde de satisfaire les exigences démesurées - du studio, des fans - sans se mettre trop de monde à dos et de ce côté, c'est mission accomplie. Bien entendu, les détracteurs n'aimeront sans doute pas (la sauce hollywoodienne est toujours dénuée de risques), mais ils risquent tout de même de passer un meilleur moment que devant Hellboy et Aquaman.
S'il est plutôt difficile de parler de l'histoire sans révéler trop de choses, les pierres de l'infini joueront à nouveau un grand rôle, tout comme ce concept spatio-temporel qui a lancé la carrière cinématographique de Michael J. Fox en 1985. Les précédentes offrandes seront utilisées jusqu'à un affrontement titanesque entre le Bien et le Mal, avec un passage féministe particulièrement plaqué.
Le long métrage se serait arrêté là et il aurait été excellent. Malheureusement, comme dans The Lord of the Rings: The Return of the King, la conclusion qui semble infinie multiplie le sentimentalisme, les violons et la voix hors champ, tout ça pour essayer de soutirer une larme ou deux. Pas la meilleure finale pour le long métrage le plus espéré de l'année.
Cela n'empêchera pas Avengers: Endgame d'être un succès colossal qui s'avère, pour une fois, plutôt mérité. Après avoir vécu autant d'émotions fortes, espérons qu'il en reste pour Spider-Man: Far From Home, qui prend l'affiche dans un peu plus de deux mois...