Avengers: Infinity War porte bien son nom. C'est la guerre de l'infini qu'attendent les fans depuis belle lurette. Spider-Man, Hulk, Captain America et leurs amis font équipe contre un gros méchant qui veut évidemment tout détruire. Un divertissement spectaculaire huilé au quart de tour qui ne peut pas décevoir.
Après 19 films de Marvel en 10 ans, l'effet de surprise n'y est toutefois plus et une certaine langueur a commencé à s'installer. Oui, il y aura encore une fois de l'action à revendre, des combats à couper le souffle, des affrontements de la mort, des effets spéciaux fabuleux, de l'humour qui touche la cible, etc. Bref, tout ce qui fait défaut à DC Comics. Mais quoi d'autre? Et la question qui tue : quoi de nouveau?
Presque rien. Surtout si on le compare au si important culturellement Black Panther, au hilarant Thor: Ragnarok et au visuellement éclatant Doctor Strange. En dehors de ses nombreux moments de destruction - tout y passe, comme d'habitude - se trouve une quantité incroyable de blabla, ainsi qu'un des scénarios les plus faibles et romanesques du lot. Un être diabolique veut récupérer des pierres importantes et pour y parvenir, il s'attaquera à l'amoureux ou l'ami de la personne qui la possède. Combien de fois l'entendra-t-on dire « donne-moi la pierre et il/elle vivra »?
Infinity War ressemble également à s'y méprendre à un épisode de Star Wars, voire de Lord of the Rings. Les batailles de l'espace sont multiples, comme ces bibittes qui semblent provenir d'une planète reculée. Avec la horde de superhéros qui veulent tous leur cinq minutes de gloire, on a ressorti le modèle du film choral avec cette demi-douzaine de quêtes connexes et croisées. L'impression est grande de se retrouver devant un soap opera ou une série télé, dont chaque long métrage représente quelques épisodes.
Malgré les 150 minutes en place, les personnages n'ont que peu d'espace pour respirer. Il y en a trop et ils ne sont pas tous du même intérêt. On assiste au moins à quelques duos truculents. C'est le cas d'Iron Man et Doctor Strange qui ne peuvent pas se blairer et de Star-Lord qui est jaloux de Thor. Les interprètes jouent dans le ton et pour une rare fois dans une oeuvre cinématographique de Marvel, c'est le vilain qui s'avère le plus intéressant. Un lien « complexe » affecte le vil Thanos avec un personnage que l'on ne nommera pas, et Josh Brolin fait la différence en y apportant une humanité certaine.
Évidemment tout demeure prévisible, avec ses qualités techniques indéniables, mais extrêmement lisses. On est dans la superproduction rythmée, agréable et encore là, ce sera un succès sur toute la ligne. Il est plutôt difficile de s'y ennuyer et la finale, sombre à souhait, donne seulement le goût de se plonger dans la suite directe qui sortira l'année prochaine. C'est seulement un peu dommage qu'en une décennie et près d'une vingtaine de films, on ait toujours affaire un peu à la même chose. Mais bon, pourquoi changer une formule qui marche si bien et qui rapporte autant d'argent?