Marvel utilise une recette efficace et éprouvée. Elle a fonctionné pour un, deux, trois, six, huit films, et continuera certainement à prouver sa valeur pour quelque temps encore, mais un jour elle s'effritera et le public aura besoin de davantage qu'une recette habile pour être convaincu... Nous n'en sommes pas encore là avec Avengers: Ages of Ultron, la magie Marvel opère encore, mais on ressent de plus en plus les limites du procédé et ça nous inquiète un peu pour la suite.
Mais, question divertissement grand public, il n'y a personne d'autre que Marvel pour offrir un produit aussi compétent. Les effets spéciaux sont impeccables, le montage sonore s'harmonise parfaitement avec l'action, les acteurs témoignent d'une parfaite maîtrise de leur personnage, le scénario mélange adéquatement humour et suspense et la réalisation effacée laisse une place prépondérante à la mythologie complexe (parfois trop) de Marvel. Le principal problème relève du fait que c'est justement ce à quoi nous nous attendions. Iron Man avait été un ouragan dans le paysage cinématographique américain, redonnant ses lettres de noblesse aux superhéros, et The Avengers, quatre ans plus tard, était une énième (et solide) preuve que le divertissement pouvait rallier qualité et popularité. Mais depuis, après un troisième Iron Man, un second Thor et Captain America: The Winter Soldier, on a la désagréable impression que le studio a perdu cette capacité unique qu'il a eue de nous surprendre et nous renverser.
Ce film en est un énième à parler de l'intelligence artificielle. Bien sûr, le sujet a été repris maintes fois au cinéma, mais dans l'univers d'Avengers il s'agissait presque d'un incontournable. À cette époque dans laquelle on vit, et avec un personnage aussi solidement ancré dans le domaine des technologies que Tony Stark, le vilain le plus puissant reste invariablement celui qui contrôlera internet. Les scénaristes ont fait quelques légères altérations à l'histoire originale (Ultron avait été créé par Ant-Man originalement), mais celles-ci sont restées en accord avec les idéaux de Marvel.
Beaucoup déploraient la superfluité du personnage de Hawkeye (Jeremy Renner, l'acteur qui l'interprète, en était le premier), mais le studio a décidé de lui accorder la place qu'il méritait dans ce nouveau film. L'archer n'est toujours pas le personnage principal, mais il est beaucoup plus utile qu'il ne l'était dans le premier film et apporte une profondeur et une humanité dont le groupe avait bien besoin. Il y a également une amourette naissante entre Black Widow et Hulk qui apporte une fraîcheur différente au sein de ces combats sempiternels pour empêcher la destruction de la planète.
Bien que l'humour était l'un des points les plus positifs de la première mouture, on sent ici qu'on a peut-être légèrement poussé la note. Oui, c'est très drôle un groupe de superhéros, un peu ivres, qui essaient de soulever le marteau de Thor les uns après les autres sans succès et les anachronismes relevant de la présence d'un Dieu parmi les hommes ou ceux impliquant un soldat de la Seconde Guerre mondiale dans les années 2000 sont désopilants, mais leur abondance a presque raison de leur efficacité. Nous n'en sommes pas encore à dire que le sarcasme affaiblit le rendement du récit, mais il n'en faudrait pas beaucoup plus pour que l'histoire perde toute sa crédibilité au profit de quelques bouffonneries.
Au final, Avengers: Ages of Ultron passe le test et ne déçoit qu'un peu. Celui qui voulait que le second volet soit la parfaite perpétuation du premier film sera probablement satisfait, mais celui qui aurait espéré revivre ce sentiment de nouveauté que lui avait procuré The Avengers sera probablement désenchanté par le goût trop commun de cette recette éprouvée.