Baz Luhrmann n'a jamais eu peur des défis. Lorsqu'il s'attaque à Shakespeare il choisit de le moderniser (Romeo + Juliet), lorsqu'il fait une comédie musicale il n'utilise que des classiques (Moulin Rouge!)... Mais lorsqu'il fait un film épique, il fait un film épique et rien d'autre. Bien trop prévisible, et l'histoire n'a pas assez de mordant pour en valoir l'effort requis. De l'amour, des grands sentiments et autant de grands dangers qui sont au centre d'une histoire trop longue (2h35) et malheureusement inégale. Australie est une fable anachronique qui ne trouve jamais le ton juste pour raconter cette histoire toute simple d'une femme qui aime un homme. Pas tellement l'inverse cela dit.
En pleine Deuxième Guerre mondiale, à la mort de son mari, une aristocrate anglaise hérite d'un ranch dans le Nord de l'Australie, le seul de la région à ne pas être une propriété de King Carney. Afin d'éviter la faillite, elle devra mener à Darwin près de 2000 bêtes et les vendre à l'armée, tout en déjouant le complot du magnat pour mettre la main sur le ranch. Afin de l'aider, elle propose à un gardien de troupeau solitaire de mener les bêtes. Leur passion s'enflamme rapidement, mais sera menacée lorsque les Japonais bombardent Darwin.
Construit en deux parties distinctes, Australie a souvent des allures de carte postale. Certains paysages sont grandioses, magnifiques, tandis que d'autres, malheureusement, sont grotesques tellement les effets spéciaux sont apparents. Des dizaines d'écrans verts qui nuisent à l'implication émotive. Dans une production de cette envergure, c'est tout simplement inacceptable, d'autant que les moyens sont là; le bombardement final de Darwin est tout à fait convaincant, même s'il s'intègre mal dans la trame narrative du récit. Convaincant parce que Luhrmann sait encore comment faire des belles images - la scène du bal est d'ailleurs magnifique - et que la direction artistique est à nouveau spécialement délicieuse. Pourtant, l'histoire aurait été plus belle et plus inspirante à l'envers; le bombardement d'abord et le succès ensuite.
Dès l'introduction, le film s'est déjà trop éparpillé avec le petit Nullah, jeune aborigène occidentalisé qui fluctue d'avantage que le temps, et son grand-père, sorte de chaman investi de pouvoirs magiques qui sauveront souvent nos héros. Dommage, parce qu'aux paysages arides et sauvages du film s'oppose cette naïveté atone qu'on retrouve aussi dans ces scènes de racisme et de sexisme inutiles et répétitives. La transition entre cette attitude bon enfant qui marque le début du film et la lourdeur (mélo)dramatique de son développement se fait pourtant bien; il n'y a que l'interprétation de Nicole Kidman qui en souffre. Hugh Jackson, beaucoup plus à l'aise, lui vole littéralement la vedette.
Reconnu pour ses alliages audacieux entre tradition et modernité, Luhrmann tombe ici dans le piège de la simplicité et ne surprendra personne avec ses développements prévisibles et sa caméra presque conservatrice. Au lieu de faire du cinéma comme il le fait si bien, Luhrmann s'est appliqué à rendre hommage à son pays et à son accent. C'est parce qu'il sait y faire qu'Australie n'est pas un échec, mais il s'en est fallu de peu.
Reconnu pour ses alliages audacieux entre tradition et modernité, Luhrmann tombe ici dans le piège de la simplicité et ne surprendra personne avec ses développements prévisibles et sa caméra presque conservatrice. Au lieu de faire du cinéma comme il le fait si bien, Luhrmann s'est appliqué à rendre hommage à son pays et à son accent. C'est parce qu'il sait y faire qu'Australie n'est pas un échec, mais il s'en est fallu de peu.