J'avais adoré Le journal d'Aurélie Laflamme, peut-être y avait-il un peu trop d'effets spéciaux et une personnalité plus juvénile qu'espérée, mais le film était arrivé comme un gros rayon de soleil dans le paysage cinématographique québécois en 2010. Cinq ans plus tard, India Desjardins nous propose la suite de ce délicieux petit long métrage sans prétention, réunissant à nouveau à l'écran Marianne Verville, Geneviève Chartrand, Aliocha Schneider et Edith Cochrane dans le rôle de la mère. Hubert Lavallée-Bellefleur, Lou-Pascal Tremblay et Pier-Luc Funk se joignent au groupe pour donner vie à ces personnages uniques, aimés par une armée de fans fidèles qui suit l'auteure depuis de très longues années.
Aurélie Laflamme - Les pieds sur terre s'intéresse aux deux derniers volumes de la série de livres pour adolescente. La jeune Aurélie s'apprête maintenant à débuter sa dernière année de secondaire. Aurélie a les mêmes préoccupations que la plupart des adolescents (toutes générations confondues); Que vais-je faire plus tard?, De qui suis-je vraiment amoureuse?, Comment vais-je faire pour survivre à ma mère? et Quelle robe vais-je porter pour le bal?
Les textes, qui ont été rédigés par l'auteure des romans, sont d'une ingénuité et d'une intelligence fabuleuses. L'humour y est parfaitement bien dosé avec l'émotion. Ce film pour adolescentes, qui arrive à nous décrocher des larmes autant pour ses séquences comiques que pour ses instants touchants, est une réussite indéniable. Les personnages sont également d'une crédibilité irrécusable, en commençant pour l'Aurélie de Verville qui ne pourrait être plus attachante. Sa meilleure amie Kat (Chartrand), son petit ami (Schneider) et son meilleur ami de gars (Tremblay) forment un quatuor magnifique qui nous rappelle à tous notre propre adolescence et ses alliances intarissables que nous avons jadis créés.
La réalisation de Nicolas Monette participe aussi activement à la réussite du produit. Mélange adéquat entre effets visuels et mise en scène conventionnelle, le long métrage de Monette s'avère esthétiquement impeccable. Les deux séquences d'effets spéciaux principales - la guerre aux papillons et les méduses - méritent, à elles seules, le détour tellement elles sont bien intégrées et émotionnellement vibrantes. Il faut également mentionner la qualité exceptionnelle de la trame sonore. La musique apporte définitivement une plus-value majeure au film, qui gagne, grâce à elle, en intensité et en folie.
Le seul point négatif que l'on peut soulever en est un de contextualisation. Comme le premier film avait été inspiré du premier livre, n'importe qui pouvait l'écouter sans problème de références, mais puisque celui-ci est adapté des deux derniers opus de la série, il manque quelques détails au public afin de bien comprendre les décisions des protagonistes et d'en condescendre. Pourtant, le film fait un rappel des évènements importants en introduction et les dialogues sont suffisamment bien construits pour ne pas que s'égare le spectateur néophyte, mais reste que cinq romans séparent cette histoire-ci de la précédente, et on ne peut s'empêcher de le remarquer.
Malgré tout, Aurélie Laflamme - Les pieds sur terre se différencie nettement dans le paysage cinématographique et nous amène un vent de fraîcheur auquel les cinéphiles québécois doivent s'accrocher. Nous avons besoin de plus de films comme Aurélie Laflamme - Les pieds sur terre dans notre catalogue. Des films qui nous font rire et pleurer, des films bien écrits, bien réalisés, bien joués, qui s'adresse à un public délaissé du cinéma québécois et qui changeront à long terme l'image commune de « notre » cinéma. En espérant que le succès de celui-ci soit tel qu'on envisagera créer davantage de ces petits films magnifiques qui nous communiquent leur joie de vivre intrinsèque jusqu'à ce qu'un sourire niais s'installe sur notre visage et qu'on s'imagine avoir encore 16 ans.