August Rush fera pleurer une bonne partie du public. Certains verseront des larmes à cause de son émotivité à fleur de peau sur le thème de la filiation qui partage un message d'espoir, d'autres tout simplement parce que les efforts d'abandon de soi que demande le film sont trop imposants. On a rarement autant sacrifié au nom des bons sentiments et d'une émotion brouillonne et faussée.
August Rush, un jeune garçon de onze ans nommé d'après un camion de livraison, a un don pour la musique même s'il n'a jamais touché à un instrument de sa vie. Abandonné dès sa naissance par ses parents, une violoncelliste renommée et un chanteur rock, il se rend à New York pour tenter de les retrouver en utilisant le langage universel de la musique.
Au-delà des multiples invraisemblances très audacieuses qui vont ponctuer le récit - il faut le voir pour le croire! - le deuxième long métrage de Kirsten Sheridan (fille de Jim), demande qu'on fasse preuve de beaucoup d'empathie pour les personnages, mal cernés, et pour les situations dans lesquelles ils s'empêtrent. Des récits secondaires sont développés et n'ont absolument aucun intérêt.
Freddie Highmore n'est jamais très convaincant en jeune garçon débonnaire déconnecté de la réalité et qui semble toujours être une mesure en retard sur tout. Les quelques notes de musique qu'il frappe sur une guitare sont intéressantes, mais son don pour l'orgue est vraiment exagéré; entre surdoué et demi-dieu il n'y a qu'un pas. Parlant de Dieu, il émane d'August Rush une espèce de foi chrétienne qui fausse encore davantage l'harmonie générale du film qui est quand même techniquement bien réalisé.
L'interprétation nerveuse de Robin Williams est particulièrement décevante tant elle est burlesque et outrancière, tandis que la belle bande d'hurluberlus qui forment la tapisserie de personnages secondaires sont d'un ridicule consumé. Être admis à Julliard à onze ans et sans papier d'identité? Un jeu d'enfant. Un enfant crédule qui ne va rencontrer sur son chemin de croix que des âmes charitables qui vont lui venir en aide... Sans oublier que pour échapper aux autorités, il devra être particulièrement chanceux, et qu'après deux ou trois énormités du genre, on en a déjà assez vu. Le festival des yeux au ciel et des soupirs est déjà bien amorcé quand on a droit à l'insulte suprême; un aveu ridicule sur un lit d'hôpital.
Les premiers moments de la relation des parents d'August et leurs prestations musicales sont pratiquement les seuls moments inspirants de cette fable qui n'a rien pris au sérieux.
August Rush est un film manipulateur, presque malhonnête, qui fera paraître les cinéphiles les plus incrédules pour des sans-coeur. Malheureusement, il ne s'agit pas de ça; s'émouvoir au cinéma est plus facile qu'on le croit, il ne faut qu'un peu de sérieux, beaucoup de réalisme mais surtout, surtout, du respect envers l'intelligence du spectateur, qui saura remarquer quand on se joue de lui... et qu'on mendie ses émotions à Washington Square.
August Rush fera pleurer une bonne partie du public. Certains verseront des larmes à cause de son émotivité à fleur de peau sur le thème de la filiation qui partage un message d'espoir, d'autres tout simplement parce que les efforts d'abandon de soi que demande le film sont trop imposants. On a rarement autant sacrifié au nom des bons sentiments et d'une émotion brouillonne et faussée.