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Ballade bucolique et féminine.
Incongruité ou plutôt étonnement de voir que le grand Martin Scorsese est producteur de cette petite chronique familiale et champêtre. Pas que le film soit mauvais, au contraire, et qu’il colle donc son nom à une production de piètre qualité mais, connaissant les goûts et les films du cinéaste, on l’attendait partout sauf à la production d’un film comme celui-là. Ceci mis de côté, « Au fil des saisons » est une charmante petite douceur faite film, agréable à regarder du début à la fin, même si elle n’a rien de transcendant. Il n’empêche, dès les premières images, on se fond dans ce long-métrage lumineux et qui fait du bien malgré quelques sujets difficiles tels que la maladie ou les petits élevages en proie au capitalisme. On plonge donc dans une histoire de femmes sur trois générations (la fille, la mère et la grand-mère) durant une année, au fil des saisons donc, qui vont réapprendre à s’apprivoiser au cœur de la campagne américaine.
Il souffle un vent doux et bucolique dans « Au fil des saisons ». Ce n’est pas un huis-clos mais on restera durant les quatre-vingt-dix minutes que dure le film au sein de cette petite ferme, siège d’un élevage de poules. Et la douceur des images va se fondre avec celles des relations dépeintes ici tout en finesse et en délicatesse. « Au fil des saison » n’est pas un film drôle à proprement parler, ce n’est pas une comédie, mais certaines séquences sont à la fois amusantes et attendrissantes. Et la réalisation du duo Hannah Ladoul et Marco La Via, pour leur second film après « Nous les coyotes » qui se déroulait aussi aux États-Unis, est remarquable et soignée. La vie à la campagne au sein d’une ferme est bien retranscrite et la mise en scène est fluide et jolie, magnifiant les détails de cette vie rurale à l’ancienne de plus en plus rare et phagocytée par les grosses entreprises agricoles. Même si ce n’est pas le cœur du film, quelques saillies sur le capitalisme galopant dans ce domaine sont bien envoyées par le biais d’une épidémie de grippe aviaire au centre des enjeux du script.
À côté on a droit à trois beaux portraits de femme incarnés par trois actrices d’horizons divers et formant un trio inattendu : la britannique Andrea Riseborough, la grande Catherine Deneuve et la jeune Morgan Saylor, déjà à l’affiche du premier long-métrage du duo de réalisateurs. Toutes trois sont complémentaires, crédibles et en totale osmose. « Au fil des saisons » déroule donc son programme entre gravité et légèreté sur une heure et demie plaisante et emplie de douceur. Alors oui, on n’est pas face au film de l’année, mais c’est beau, c’est juste et c’est plein de bonnes ondes. Le genre de film que Jean Becker aurait pu réaliser mais ici de manière plus contemporaine et en phase à notre époque, jamais dans le passéisme ou le suranné. Un film bien sympathique donc, humble et revigorant qui nous rappelle que la vie en pleine nature a ses avantages et que les petites choses de la vie, simples et hors du progrès et du stress de la ville, peuvent encore exister.
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