Out of the Furnace n'est pas tout à fait mon type de film. Je suis plutôt petit film léger et rayonnant que lourd drame existentialiste. À titre de référence : Frozen (le long métrage d'animation de princesses de la compagnie Disney) est l'une de mes productions préférées de l'automne. Vous comprendrez donc qu'une allégorie pessimiste sur le milieu ouvrier en Pennsylvanie après la crise économique de 2008 est plus ou moins ma tasse de thé. Je ne ferai donc pas ici l'éloge de Out of the Furnace. Par contre, je ne dirai pas non plus qu'il s'agit d'une oeuvre ratée. De toute façon, ce serait probablement faux, parce que le résultat est exactement ce qu'il envisageait (probablement) être au départ : un film profond, déprimant, dur et qui met en scène d'extraordinaires performances d'acteurs, certaines des meilleures que nous avons eu la chance de voir au grand écran cette saison.
Il n'y a pas un comédien qui brille plus que l'autre dans ce film qui démontre l'ampleur du talent de Christian Bale, Casey Affleck, Woody Harrelson et Willem Dafoe. Ils sont tous intenses, animés par une fureur qui leur est propre. Harrelson est incroyable sous les traits du mal incarné, de ce personnage sans crainte qui élimine quiconque ose le défier. Affleck en soldat américain, psychologiquement détruit par ses quatre missions en Irak, s'avère également d'une justesse déroutante qui nous inspire une pitié que l'on peut difficilement expliquée. Saldana et Whitaker s'acquittent aussi aisément de leur tâche.
La réalisation de Scott Cooper fait partie des grandes réussites de la production. D'abord, il a su faire preuve d'un grand talent pour diriger ses acteurs, qui n'ont l'air, en aucun cas, perdus au sein de cette histoire de vengeance. Ensuite, il a démontré, grâce à une caméra observatrice, ses aptitudes de cadreur. Chaque plan de Out of the Furnace semble avoir été réfléchi, calculé. La séquence finale est magnifique. À la fois violente et vulnérable, elle arrive à faire vivre toute une gamme d'émotions à son public.
L'histoire de ce film est assez simple et linéaire; après avoir fait un séjour en prison, un homme apprend que son frère et a été tué et veux le venger, pourtant il semblerait Scott Cooper ne voulait pas la raconter de façon attendue. Il a plutôt choisi de construire son récit de manière composite, ne donnant pas toutes les informations dont le spectateur a besoin pour décoder la structure actancielle et comprendre le fil conducteur de la narration. Résultat : au cours des 45 premières minutes, le cinéphile nage dans un troublant néant. Nous n'avons aucune idée de la direction que prendra le film et ce qu'il s'évertue à nous raconter. C'est une technique qui peut être intéressante que de noyer le spectateur de fausses pistes, mais ce long métrage aurait peut-être profité d'un resserrement et d'une plus grande symétrie générale.
Out of the Furnace n'est définitivement pas la solution à la déprime saisonnière, au contraire, elle ne peut que l'alimenter. Évidemment, il serait étonnant que d'amuser le spectateur était la mission première de Cooper... Son film tend vers de plus «grandes» choses que la plupart des productions américaines, mais s'essouffle en chemin en raison d'une monotonie inhérente et d'un naturel ennuyant.