Une baleine blanche est peut-être responsable du naufrage de l'Essex, mais on ne peut blâmer aucun mammifère marin pour l'échec de In the Heart of the Sea. Le nouveau film de Ron Howard n'arrive jamais à atteindre une tension dramatique qui maintiendrait en haleine le public. Moby Dick n'est ici qu'une excuse pour raconter une histoire de naufragés qui tombe à plat.
Les scénaristes ont choisi d'introduire l'histoire de cet équipage victime d'une belliqueuse baleine par un auteur qui insiste pour que le dernier survivant de L'essex lui raconte l'histoire derrière le naufrage de leur embarcation et lui révèle le secret derrière leur survie en mer à la dérive pendant trois mois. Cette portion du récit permet peut-être de mieux situer l'histoire, mais elle l'alourdit irrémédiablement. Comme le narrateur était un jeune matelot adolescent au moment du naufrage, on suit son histoire, en plus de celles des deux capitaines du navire, joués par Chris Hemsworth et Benjamin Walker, ce qui surcharge considérablement le récit, qui n'avait guère besoin d'une autre couche narrative.
La qualité des dialogues ou quelques séquences mémorables auraient peut-être pu sauver la production de sa perdition, mais malheureusement les textes sont aussi vaporeux que l'ensemble de la trame narrative. Bien que les acteurs se débrouillent plutôt bien, ils n'ont pas la chance d'exceller puisqu'on ne leur offre jamais l'opportunité de se démarquer et de briller. La finale s'étire aussi inutilement. À plusieurs moments, on a l'impression que le film s'achève enfin, mais on nous lance encore pendant quelques minutes sur un autre dénouement d'une nécessité discutable.
La cinématographie s'illustre par contre comme l'une des qualités de la production. En plus d'effets spéciaux magnifiques - notamment cette immense baleine difforme qui sème la panique sur les mers -, le réalisateur semble avoir apposé une touche d'irréel, de fantastique, dans chacune des ses images, laissant planer le doute quant à la véracité de l'histoire. Comme dans un film maritime, les caméras à l'épaule sont un impératif, elles sont ici encore utilisées à outrance. La houle est très bien représentée, peut-être trop bien d'ailleurs puisque le public finit par avoir lui aussi le mal de mer.
In the Heart of the Sea manque définitivement d'amour. Il est froid, mou et sans âme. On a l'impression que Ron Howard ignorait comment s'y prendre pour raconter l'histoire de Moby Dick et qu'il a tiré dans toutes les directions plutôt que d'en faire une oeuvre épique comme le livre dont le film est inspiré. In the Heart of the Sea n'est défitnivement pas la propoisiton réconfortante et vivifiante qu'on recherche dans le temps des fêtes...