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A feu et dans le vent!
On s’attendait à un long-métrage choc, à une claque cinématographique ou même à un uppercut social, voire les trois à la fois, et bien on en sera pour nos frais. « Athena » n’est qu’un exercice de style prétentieux et vide qui confirme que son auteur est clairement surcoté après le déjà pas bien folichon et clinquant « Le monde est à nous ». Le fils à papa Romain Gavras vient du clip, cela se voit, et hormis ses talents esthétiques indéniables, la comparaison avec l’ombre tutélaire de son illustre père n’a même pas lieu d’être. On pourrait même lui conseiller de retourner faire des clips car c’est un domaine pour lequel on ne doute pas une seule seconde qu’il soit doué. Et son nouveau film le prouve. Dès le très impressionnant plan-séquence inaugural qui présente l’assaut d’un commissariat par des jeunes de cité, il en met plein la vue. On a donc envie d’y croire, attendant qu’il développe son propos et continue sur cette lignée. Mais non, il va enchainer des performances techniques très certainement épatantes qui vont épater la galerie (et ceux qui n’ont pas souvent été au cinéma) mais au détriment de tout le reste.
On se retrouve donc face à une œuvre qui fait office de démonstration technique et qui finit par être éreintante loin, très loin, de ses illustres modèles mis en branle. Que ce soit les plus anciens, comme le classique « La Haine » ou les plus récents. Pour ces derniers, on fait bien sûr référence à deux excellents films sortis récemment et très complémentaires qui étaient les deux faces d’une même pièce et qui ont eu le bon goût de sortir à peu de temps d’intervalle donnant voie à deux sensibilités difficilement réconciliables. On pense bien sûr à la surprise choc « Les Misérables » qui se mettait davantage du côté des cités et de l’électrochoc « BAC Nord » qui, lui, nous mettait plus dans la peau des forces de l’ordre. Les deux s’équilibraient parfaitement et la force de leur propos et leur rage cinématographique brûlaient la pellicule. « Athena » aurait pu être la parfaite alternative mais il n’est que la rondelle de la pièce, un pitoyable torchon se pensant incroyable alors qu’il est vain et nauséabond. Il n’y a aucun contexte social probant, aucun discours quel qu’il soit, le film se sert juste d’un climat tendu pour le magnifier à l’écran de la manière la plus hypocrite et puante qui soit. Du néant total sur le fond qui instrumentalise un climat social hexagonal sur le sujet déjà bien tendu.
Gavras n’a même pas pris la peine d’écrire un scénario digne de ce nom alors qu’il est pourtant à l’écriture avec Ladj Ly, réalisateur de « Les Misérables ». C’est juste un déballage de savoir-faire technique et esthétique se croyant inédit. Mais qu’il revoit dans le genre et par exemple, « Les Fils de l’homme » de Cuaron ou « 1917 » de Mendes. Les protagonistes n’ont aucune profondeur psychologique, ils sont juste des pions dans son jeu de plateau mettant en scène flics contre lascars (pour caricaturer) et destiné à épater la galerie. Les raccourcis sont légion et il mélange tout (religion, dealer, violences policières, ...) osant même dans un aveu de facilité puant se dédouaner de tout en faisant intervenir l’extrême-droite. La symbolique antique utilisée est ridicule vu la qualité du film. Gavras se croit dans une tragédie grecque mais avec ses acteurs qui jouent mal et gueulent non-stop on se croirait plutôt dans un marché aux poissons. Non, décidément, si ce n’est ses envolées visuelles et ses scènes d’émeutes et d’assaut certes dingues au niveau des chorégraphies, cette œuvre pompière n’est que du vent, lasse et pourrait même être socialement dangereuse. Revoyez plutôt les deux classiques cités précédemment.
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