Dans le coeur de bien des gens, Astérix et Obélix, notamment grâce au film Les douze travaux d'Astérix présenté chaque année à Ciné-Cadeau depuis la Gaule antique, sont des personnages mythiques. S'attaquer à de telles icônes est une entreprise toujours périlleuse pour les cinéastes, qui souhaitent se renouveler tout en conservant l'esprit de la bande dessinée.
Cette plus récente mouture respecte amplement la couleur des oeuvres originales tout en apportant un vent de nouveauté bienvenue. Pour la première fois, le cinéma nous offre une aventure inédite. Astérix, le secret de la potion magique n'est inspiré d'aucun album en particulier et il s'agit là d'un défi d'autant plus grand pour les créateurs. Heureusement, Alexandre Astier, auteur de la populaire série française Kaamelott, nous livre une histoire cohérente, entraînante et truffée de références amusantes.
Le secret de la potion magique aurait très bien pu être l'un des 37 albums d'Astérix le Gaulois. Cette histoire du druide Panoramix qui, après une vilaine chute, décide qu'il est grand temps pour lui de trouver un remplaçant puis s'engage sur la route avec ses fidèles complices Astérix et Obélix à la recherche d'un successeur, est parfaitement conséquente avec l'esprit de l'oeuvre originale. Le thème de la filiation et de la descendance n'en est pas un commun dans ce genre de production, mais il s'avère ainsi un atout substantiel. Le nouveau méchant, Sulfurix, se démarque également. La haine viscérale qu'il voue à Panoramix permet d'aborder la jalousie, la vengeance et la résilience.
Visuellement proche d'Astérix : Le domaine des dieux, ce nouvel opus propose des images magnifiques, modernes et pétillantes. Les Français n'ont définitivement rien à envier aux Américains avec cette proposition d'animation de qualité supérieure. L'humour déluré d'Astier apporte un certain caractère délinquant à l'oeuvre d'Uderzo et Goscinny qui lui sied à merveille.
Christian Clavier prête sa voix à Astérix pour la première fois dans un film d'animation. On avait pu le voir sous les traits du gaulois dans deux films en prises de vue réelles, mais il s'agissait de sa première expérience derrière le micro. On peut dire qu'il relève le défi avec brio. Son interprétation plus grande que nature ne nous fait pas regretter Roger Carel, qui accompagnait pourtant le personnage animé depuis le tout début.
Parsemé de références anachroniques amusantes, comme le féminisme ou le réchauffement climatique, Astérix, le secret de la potion magique saura plaire autant aux enfants qu'à leurs parents. Malgré une finale un peu trop fantasmagorique et quelques passages plus lents, le film français nous prouve que nous n'en avons pas encore fini avec les Gaulois et qu'une relève compétente est assurée pour la suite des choses.