Astérix et Obélix retrouvent le chemin du cinéma avec L'empire du milieu, un film divertissant à ses heures qui cherche parfois à quel public s'adresser.
Il y a dans cette création réalisée par Guillaume Canet un désir de marquer une rupture après le potable quoique peu marquant Au service de sa majesté. Un souhait de ne pas se baser sur un album existant tout en respectant l'essence de ce qui faisait le charme de la célèbre série de Goscinny et d'Uderzo. L'histoire principale - ici un voyage en Chine pour secourir une impératrice - n'est qu'un prétexte à une accumulation de gags. Ces derniers font sourire sans surprendre outre mesure tant l'ensemble ratisse large pour plaire à tous et, surtout, ne déplaire à personne.
Il y a des calembours physiques pour rejoindre les petits, des allusions à double sens pour les plus grands, des jeux de mots de qualité variable (un méchant s'appelle Deng Tsin Quin en hommage au tube musical Dancing Queen d'ABBA). L'humour fluctue constamment, alors qu'une meilleure direction aurait donné un résultat plus fluide et mémorable, à l'image du culte Mission Cléopâtre. Surtout que beaucoup d'espace a été réservé pour toucher une clientèle adolescente, ce qui explique l'importance de Jonathan Cohen dont le style comique détonne du lot.
Pour le reste, il y a Astérix (Guillaume Canet) et Obélix (Gilles Lellouche) qui cherchent à s'adapter au goût du jour, manger bio et laisser davantage de latitude aux personnages féminins. Le duo fonctionne à plein régime, même si les notions d'amitié semblent parfois moins importantes que leurs quêtes amoureuses. Ils évoluent au sein de Gaulois savoureux - comme Pierre Richard en Panoramix et Philippe Katerine en Assurancetourix - qui servent malheureusement peu le récit. Tout comme la horde de caméos.
On leur a préféré une trame narrative qui se déroule en Orient, où l'on assiste au désir d'émancipation d'une princesse et de sa protectrice. Un terrain de jeu fertile en termes d'action et d'effets spéciaux, alors que l'influence du Wuxia - et principalement de Tigre et dragon - se fait ressentir. Sauf que le ton proche de la bande dessinée développé jusque-là s'agence mal aux séquences musclées plus formatées, qui perdent grandement en charme et en authenticité. Peut-être fallait-il faire appel à un Stephen Chow à la mise en scène, lui dont le précédent Kung Fu Hustle ressemblait énormément à un épisode d'Astérix et Obélix.
Les meilleurs moments du long métrage résident dans le désir de César d'étendre son influence et sa domination. Vincent Cassel s'en donne à coeur joie dans ce rôle irrésistible, éclipsant tous ses partenaires de jeu. L'acteur fait fi du ridicule des situations et des dialogues (« ne raconte pas de salade à César »), cabotinant avec volupté. Sa relation sentimentale avec Cléopâtre (délicieuse Marion Cotillard) est également hilarante, versant dans le kitch à grands coups de ralentis et de mélodies sucrées.
Se situant à mi-chemin entre le classique Mission Cléopâtre et le navet Jeux olympiques, L'empire du milieu est justement un film de milieu. Une production passe-partout, agréable et oubliable, qui se contente souvent du minimum requis pour épater la galerie. De quoi divertir toute la famille, quoique les fans des bandes dessinées resteront sur leur appétit.