Banlieue 13 n'est pas une oeuvre charnière du cinéma de Besson pour rien (Morel l'a réalisé, mais c'est Besson qui l'a écrit). Son ambiance post-apocalyptique, ses cascades renversantes et sa violence gratuite en ont fait un classique du genre, qui a inspiré plus d'un réalisateur par la suite. Dix ans après sa parution en France (son pays d'origine), le Canada anglais se l'est approprié pour en faire une version de style « hollywoodienne » avec une vedette américaine de grand calibre, le maintenant décédé et très attachant Paul Walker. Malheureusement, comme il arrive trop souvent dans ce genre d'adaptation, les plus grandes qualités de l'oeuvre originale n'ont pas été conservées, remplacées par des inepties sentimentales et futiles.
Dans Banlieue 13 régnait une tension malsaine du début à la fin, une tension morbide qui nous inquiétait autant qu'elle nous dégoûtait. Ce malaise n'existe plus dans Brick Mansion. Le meilleur exemple de ce retranchement néfaste est probablement la scène devant l'immeuble de Lino/Leïto, la première fois que l'on rencontre K2. Dans le film original, la séquence en question - peaufinée de dialogues vides, mais ô combien pervers et dérangeants - s'étire pendant plusieurs minutes alors que cette dernière, dans la nouvelle mouture, ne dure pas plus de 20 secondes et n'apporte rien de bien pertinent si ce n'est qu'introduire une scène de parkour.
Un fait plutôt inusité pour un remake est que le protagoniste est interprété par le même acteur dans les deux versions. Même s'il y a dix ans entre les deux films, David Belle ne semble pas avoir vieilli d'un poil. L'acteur possède la même agilité, la même répartie et la même fraîcheur qu'autrefois. Comme il n'a pas le portrait type du héros (mis à part peut-être les muscles et les tatouages), il est d'autant plus agréable de le voir crever l'écran ainsi. Paul Walker s'avère, quant à lui, assez à l'aise dans ce personnage de flic sous couverture qui aide les criminels; il faut avouer qu'il avait de l'expérience dans le domaine...
Même si le nouveau film se déroule aussi dans un proche avenir, les deux univers futuristes sont bien différents. Le premier était sale, ravagé par une guerre ou simplement la bassesse humaine, alors que le second est propre, hormis ces quelques pâtés de résidences défavorisées que le gouvernement veut détruire pour en faire des complexes modernes. Cette pureté dérange, surtout quand on a vu l'impact de l'insalubrité qu'avait l'univers de Banlieue 13 sur l'ensemble de l'action.
Brick Mansion a quant même conservé certaines des meilleures cascades de Banlieue 13; notamment celles impliquant des « backflips » et du parkour. On a quant même ajouté à l'adaptation canadienne quelques courses de voitures, croyant peut-être que les automobiles de luxe étaient plus payantes que des arts martiaux mixtes. Finalement, faire un remake de Banlieue 13 était inutile. Nous aurions probablement pu le prédire avant même le début de la production du film, mais pour percer le marché américain, le film d'action se devait de mettre en scène un visage connu et un langage qu'il connaît. Laissons la chance au coureur avant de conclure que - financièrement - l'idée était stupide et disons simplement pour le moment qu'artistiquement, elle l'est.