Il n'y a rien de plus triste qu'une histoire de désirs qui laisse complètement de glace. C'est malheureusement ce qui arrive avec le film Arrête avec tes mensonges.
Après plus de trente années d'absence, un écrivain (Guillaume de Tonquédec) revient dans la région où il a grandi. Il se lie d'amitié avec le fils (Victor Belmondo) de son ancien amant. Une rencontre qui le replongera dans un passé toujours douloureux, alors qu'il avait 17 ans et toute la vie devant lui.
Cette adaptation du roman autobiographique de Philippe Besson explore de nombreux thèmes riches de sens, que ce soit les secrets de l'adolescence, le droit à la différence et l'écriture comme remède à la souffrance. Le tout s'opère par un retour aux sources où un homme tentera de mieux connaître son grand amour et un fils d'enfin comprendre pourquoi son père s'est éloigné de sa famille en s'enfermant dans le mutisme.
Des sujets fascinants et importants qui dépassent rarement la simple démonstration d'usage. Le scénario écrit à huit mains n'arrive jamais à recréer ce feu sacré qui bouille entre les personnages, laissant trop souvent les mots prendre le dessus sur les sentiments. Ce qui devait être érotique et lancinant ne captive que rarement tant la démarche demeure vaine et superficielle.
Malgré de multiples retours dans le temps, la mise en scène d'Olivier Peyon (Tokyo Shaking, Une vie ailleurs) s'avère trop classique et impersonnelle, manquant de rythme et de munitions pour maintenir l'intérêt. La photographie est soignée et la musique appropriée. C'est cette façon d'user de tendresse et de mélancolie qui ne convainc qu'à moitié. Surtout que les touches d'humour sont malhabiles, tout comme la finale moralisatrice et manipulatrice qui aimerait tant soutirer des larmes. Et pourquoi avoir campé l'intrigue dans l'univers du cognac si c'est pour l'exploiter aussi sommairement?
Au moins, les comédiens offrent de fines performances. C'est le cas de Guillaume de Tonquédec, qui s'est surtout fait connaître dans un registre comique (il a reçu le César du meilleur acteur dans un second rôle pour Le prénom) et qui surprend dans un rôle dramatique tout en retenue. Il forme un séduisant duo avec le charismatique Victor Belmondo, le petit-fils de Jean-Paul, qui voit enfin sa carrière décoller depuis Envole-moi de Christophe Barratier et, surtout, Albatros de Xavier Beauvois. La réserve du premier et l'ambiguïté du second apportent un supplément d'âme à ce drame romantique un peu trop lisse et convenu.
Le populaire livre méritait sans doute mieux que cette transposition explicative et figée d'une passion refoulée que l'on ne sent jamais réellement palpable à l'écran. Lorsque le spectateur devine tout ce qui arrive bien longtemps avant les personnages, il y a toujours un problème. Dans un registre similaire, Quand on a 17 ans d'André Téchiné s'avérait largement supérieur.