Les remakes féminins sont dans l'air du temps grâce aux relectures de Ghostbusters et d'Ocean's Eleven. Tout comme ceux qui s'inscrivent dans le mouvement #moiaussi avec des femmes qui décident de se venger de certains hommes. C'est ce que propose The Hustle, une comédie malheureusement datée et inoffensive.
Le récit possédait pourtant le mordant nécessaire pour décaper. Lorsqu'une arnaqueuse professionnelle (Anne Hathaway) enseigne les rudiments du métier à une escroc (Rebel Wilson), tout peut arriver. Le public reste cependant sur son appétit devant les gags timides et rarement drôles qui en émanent.
Que le duo soit allié ou ennemi, la chimie n'opère pas. Rebel Wilson en fait des tonnes dans sa façon d'user du slapstick, alors qu'Anne Hathaway privilégie des réparties plus hautaines. On est loin du délicieux Long Shot. Malgré les nombreux jeux de rôles que doivent se livrer les personnages, leurs interprètes demeurent dans le registre le plus attendu et limité possible.
La réalisation passe-partout du Britannique Chris Addison n'est pas là pour sauver la mise. Il faut plus que des décors luxueux, de la musique de casino et un montage alerte pour laisser sa marque. Surtout au sein d'un premier long métrage anonyme dont l'aspect visuel s'éclipse au détriment des gags et des dialogues.
The Hustle est d'ailleurs un remake de Dirty Rotten Scoundrels (qui était déjà une variation de Bedtime Story où brillaient Marlon Brando et David Niven), reprenant 95% de son canevas dramaturgique. Le reste s'avère des ajouts quelconques et parfois douteux (la séance sur l'eau) de Jac Schaeffer, qui a été embauchée pour scénariser le film solo de Black Widow.
La différence - de taille - est que le long métrage de 1988 faisait beaucoup rire. Que s'est-il passé en trois décennies pour que cette adaptation pratiquement identique laisse de glace? Les personnages ne sont plus aussi attachants, les situations manquent de charme et l'humour superficiel a vieilli.
Le ton de l'ensemble diverge également. Bien que Steve Martin et Michael Caine multipliaient les mensonges afin de conquérir et voler leurs victimes féminines, il ne s'agissait pas pour autant d'une oeuvre misogyne tant les subtilités venaient constamment égayer la trame narrative. Rebel Wilson et surtout Anne Hathaway ne s'en laissent pas imposer. Sauf que leur façon de séduire la gent masculine passe généralement par leur corps. Une instrumentalisation de la sexualité qui fait sourciller.
Peut-être que la véritable farce de The Hustle se fait sur le dos du spectateur, qui s'attend à un divertissement digne de ce nom, avec un tandem en pleine possession de ses moyens. Il n'y a toutefois aucune audace ni personnalité qui ressort de cette création. À quoi bon vouloir y donner un traitement féminin si c'est pour simplement reproduire ce qui a déjà été fait, en moins bon de surcroît, sans rien proposer d'authentique ou d'édifiant en retour?