On a beaucoup parlé d'Arlette en raison du scandale entourant son actrice principale, mais est-ce que le film est bon? Aujourd'hui, on se tient loin des litiges entre le clan du Oui et celui du Non (pour ou contre le retour de Maripier Morin) et on se concentre sur le long métrage de Mariloup Wolfe.
Il faut le dire d'emblée, Arlette s'avère, somme toute, une satire politique particulièrement efficace. La comédie dramatique aborde les coulisses du pouvoir avec discernement, fiel et humour. Les textes de Marie Vien nous tiennent en haleine. Son personnage d'Arlette, inspiré du passage en politique de Liza Frulla, se révèle aussi captivant qu'attachant. On est irrémédiablement intrigué à la fois par le cran et l'innocence du cette jeune femme qui en connaît davantage sur les tendances mode de la saison que sur les rouages de l'Assemblée nationale. On aime ses valeurs féministes et son attitude arrogante envers un système gouvernemental rigide et beige.
D'ailleurs, étant une égérie de la mode, Arlette arbore toujours des tenues spectaculaires, et pas seulement lors des soirées mondaines, mais en chambre également. On doit saluer le travail exceptionnel de la costumière qui nous livre des looks éblouissants, qui siéent magnifiquement à la comédienne principale. Parlant de Maripier Morin, la question qui risque d'être sur toutes les lèvres est : son jeu est-il à la hauteur? Sans dire qu'elle impressionne et subjugue, on peut certainement avouer qu'elle remplit sa tâche avec honnêteté. On sent qu'elle a travaillé son interprétation et qu'elle s'est investie corps et âme dans ce projet et ce personnage qui lui ressemble sur plusieurs points.
Les acteurs masculins qui l'accompagnent à l'écran sont, eux, exceptionnels. Paul Ahmarani incarne avec distinction son attaché de presse et ami, un homme qui ne connaît rien, lui non plus, à la politique. David La Haye est magnétique dans le rôle du vilain ministre des Finances avec qui Arlette s'engage dans une lutte dangereuse et Benoît Brière s'acquitte de son rôle de comic relief avec panache.
La réalisatrice Mariloup Wolfe fait aussi du très bon boulot derrière la caméra. Dès le début du film, on compare l'Assemblée nationale à la vie de château et cette idée se répercute jusque dans les images monarchiques de Wolfe. Avec le directeur photo Yves Bélanger, la cinéaste nous livre des plans exceptionnels, qui s'apparentent souvent à des tableaux, accentuant ainsi l'aspect royal et noble de la proposition. Une scène de lit entre la protagoniste et une personnalité connue se cache au milieu du long métrage. Cette séquence, même si elle est visuellement ravissante, semble placée là pour faire parler... ou pour déstabiliser les cinéphiles. Du moins, si le but était de nous surprendre, c'est réussi! Puis, notons aussi que la finale, prévisible, manque d'éclat et d'engagement. On aurait aimé que cette histoire se termine dans un grand bang.
Arlette mérite le tabac médiatique qui l'entoure, même si ce n'est pas pour les bonnes raisons qu'on en parle. Si le public se précipite au cinéma par curiosité suite à la controverse entourant Maripier Morin, Mariloup Wolfe aura réussi son pari. Le cinéma québécois ne peut pas se permettre de faire la fine bouche. Toutes les raisons sont bonnes pour que le public s'agglutine dans les salles sombres.