Le plus récent film de Matthew Vaughn, qui est entre autres derrière la franchise Kingsman, est ce qu'on pourrait gentiment appeler un flop. L'idée d'une autrice de romans d'espionnage, qui est plongée contre son gré dans une mission internationale alors que ses écrits s'approcheraient dangereusement de la réalité, avait de grandes promesses pour finalement très peu de résultats.
Les enjeux du scénario de Jason Fuchs changent sans cesse. Rapidement, le cinéphile ne sait plus qui sont les méchants et qui sont les gentils. L'auteur établit des préceptes et s'amuse à les déconstruire à chaque tournant. On pourrait croire que cette technique a de quoi tenir le spectateur en haleine... eh bien non. Elle provoque plutôt l'effet inverse : elle embrouille le spectateur qui perd rapidement l'intérêt.
Le long métrage raconte l'histoire d'Elly Conway, qui a rédigé une série de quatre livres très populaires mettant en scène un charismatique espion du nom d'Argylle. Elle est sur le point d'achever son cinquième tome lorsqu'un homme l'intercepte dans un train et se présente comme son sauveur. Elly apprend alors qu'elle est poursuivie par une agence terroriste qui la croit détentrice d'un grand savoir.
Les choses se corsent pour une première fois lorsqu'Elly apprend qu'elle n'est pas une autrice, mais bien une ancienne agente ayant subi un lavage de cerveau (soupir). Ensuite, elle passe du clan des méchants à celui des gentils inlassablement, jusqu'à ce que la vérité éclate... ou pas. La finale nous laisse sur un autre mystère. Mais, avouons-le, rendu là, nous ne pourrions être plus blasés par cette histoire et ses (trop) nombreux retournements.
Le style cartoonesque de Matthew Vaughn n'apporte pas le niveau de comédie qu'il espérait probablement. Il nous éloigne de la réalité, ce qui n'est pas souhaité dans un film aussi imprévisible et inconstant. Aussi, ses effets spéciaux sont loin d'être spectaculaires. Avec un budget estimé à 200 millions de dollars, on peut difficilement excuser cette piètre utilisation de l'écran vert.
Les acteurs font ce qu'ils peuvent au coeur de ce fouillis. Bien que le personnage de Bryce Dallas Howard, tenaillée entre deux personnalités, s'avère complètement absurde, l'actrice arrive à rendre l'héroïne attachante. À ses côtés, Sam Rockwell est plutôt fade, quoique sympathique. Henry Cavill joue le personnage de fiction qui prête son nom aux romans d'Elly. Bien qu'il est mis de l'avant dans la promotion, il est très effacé dans le film, même chose pour Samuel L. Jackson, qui a moins de temps d'écran que le chat.
Il y a bien quelques bons moments dans la première heure d'Argylle, mais la proposition devient laborieuse quand les paradigmes sont changés inopinément par le scénariste. On espère que ce film n'était qu'une erreur de parcours sur la feuille de route de Vaughn, et qu'il nous reviendra vite avec des oeuvres plus substantielles et élégantes.