Mettons d'abord quelque chose au clair : si vous pouvez nommer (sans chercher sur Wikipédia - on ne triche pas!) le royaume d'Aquaman, ainsi que le prénom de son père, de sa mère, de son amoureuse et de son fils, ce texte ne s'adresse pas à vous. Si, en 2018, ma critique du premier film vous avait choqué, celle-ci risque de vous scandaliser. Non, je ne suis pas une experte de l'univers DC, mais j'ai vu presque tous les films de la franchise, ainsi que tous ceux de Marvel depuis Iron Man, ce qui fait de moi, ose-je croire, une juge adéquate en termes de films de super-héros américains. Puis, avec un budget de 205 millions de dollars américains, je me permets de croire que James Wan voulait que son film soit vu par plus qu'une poignée d'invétérés déjà conquis.
Ceci étant dit, jetons nous à l'eau...
Bien que vous voyez des hippocampes phosphorescents, un poulpe sidekick doté d'un pouvoir d'invisibilité, des sauterelles géantes et un bébé qui hypnotise les poissons rouges, vous n'êtes pas en plein badtrip de champigons magiques, mais bien dans un visionnement d'Aquaman and the Lost Kingdom. On veut bien essayer d'ouvrir notre esprit à cette mythologie particulière, mais le ridicule de l'ensemble nous rend la tâche très difficile. Si au moins les effets spéciaux étaient à la hauteur des attentes, on pourrait certainement excuser quelques éléments psychédéliques, mais, visiblement, même Hollywood ne sait pas encore comment rendre le monde sous-marin attrayant et réaliste pour les cinéphiles humains. Mis à part les cheveux qui flottent et quelques bulles d'air ici et là, difficile de déterminer si on se trouve sous l'eau ou sur la terre...
Même si la mythologie derrière Aquaman n'est pas la plus simple, la trame narrative de ce nouveau film s'avère plutôt accessible (pas bonne; accessible) : N'ayant pas réussi à vaincre Aquaman la première fois, Black Manta, toujours animé par le besoin de venger la mort de son père, ne reculera devant rien cette fois. Il est d'ailleurs plus redoutable que jamais, maniant le pouvoir du mythique Trident Noir, qui libère une force ancienne et malveillante. Pour le vaincre, Aquaman se tournera vers son frère emprisonné, Orm, l'ancien roi de l'Atlantide. Ils devront allier leurs forces afin de sauver le monde d'une destruction irréversible.
Même le charisme de ravageur de Jason Momoa ne peut rien contre la médiocrité de cette histoire. Patrick Wilson fait bien pâle figure dans le rôle du frère déchu, qui n'est menaçant pour personne, et Yahya Abdul-Mateen II n'arrive pas à élever le récit, même s'il est le moins pire (pas le meilleur; le moins pire) du groupe. Nicole Kidman et Amber Heard frôlent, quant à elles, la caricature.
Aquaman and the Lost Kingdom paraît conscient de ses contradictions et de son excentricité puisqu'il fait preuve d'autodérision à plusieurs reprises, mais le sarcasme ne pardonne pas tout. Quand la bêtise est poussée aussi loin, il faut assumer qu'on entre dans la catégorie du film de série B, et Aquaman est loin de revandiquer son appartenance à ce clan. Il est donc peut-être plus rassurant de le voir comme le résultat d'une intoxication alimentaire qu'un film de super-héros qui a coûté plus de 200 millions de dollars...