Brandon Cronenberg - le fils d'un certain David - propose avec Antiviral, son premier long métrage, une oeuvre d'anticipation dans la continuité des films de son père, où la technologie rencontre l'organique (avec une tendance vampirique), et où l'infection, la contamination sont des gestes délibérés. Ajoutez-y un rapport avec la célébrité (Brandon est quand même « le fils de » quelqu'un) et vous avez très précisément Antiviral, qui existe surtout (justement?) parce que Brandon est « le fils de » quelqu'un. Ce long métrage, très élémentaire - pour ne pas dire juvénile - est un bel exercice exploratoire, au mieux, mais ne risque pas de se démarquer autrement.
Le problème ne se situe pas au niveau de la mise en contexte, mais plutôt au niveau du scénario. L'ambiance est habilement installée dès les premiers instants, et un sentiment d'étrangeté qui perdurera jusqu'à la fin s'ancre profondément. On est alors en mode découverte : où? quand? qui? On apprend sans cesse à mieux connaître le contexte, on découvre de nouveaux personnages et de nouvelles technologies... Et pourtant, on n'est jamais happé par le film, qui reste en surface. Les nombreux revirements forcés et la fausse complexité du scénario soulignent un aspect clinique qui place le spectateur en observateur externe, très loin des personnages. Qui? Peu importe. Quoi? Bof.
Caleb Landry Jones maintient le film à flots; le jeune acteur, qui tire habilement profit de son look incomparable, est souvent le seul intérêt - en dehors de la direction photo sensible, qui crée une ambiance prenante - de scènes trop longues, redondantes et parfois même insipides. Dommage qu'on soit confronté à quelques décisions plus que douteuses de son personnage, des décisions qui minent beaucoup la crédibilité générale du film (quand on est si malade et si faible, on ne s'engage pas dans une bagarre à mains nues). D'autant que la technologie ne trouve jamais sa place dans ce monde qui n'est pas vraiment le futur...
Sans compter que les thématiques sont à peine effleurées, en particulier celle de l'obsession de la célébrité. L'illustration est simpliste, poussive et tellement peu subtile qu'elle excède rapidement. Combien de fois peut-on ridiculiser ces fans tellement obnubilés par leurs idoles, dans un futur proche où on se fait injecter les maladies de ses vedettes préférées? Ils sont déjà ridiculisés aujourd'hui, de toute façon, et qu'on le dise d'une ou de plusieurs façons, le message reste le même, et on le comprend vite ici.
Antiviral est donc un objet cinématographique qui mène à autre chose. C'est une ébauche, un véritable premier film bourré de maladresses, mais non sans intérêt. Plusieurs facteurs détermineront quel genre de carrière aura Brandon Cronenberg, mais il devra d'abord s'assurer de se faire un prénom, comme on dit. Parce que ce n'est pas comme ça qu'il transcendera l'oeuvre de son père.