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Signes et temporalité.
Attention, « Antebellum » est le genre de films dont il vaut mieux ne rien savoir pour pouvoir en profiter pleinement, quand bien même il demeure une œuvre particulière, fragile et loin d’être parfaite. C’est sans conteste un film déroutant et qu’on a étiqueté au rayon horreur à tort mais qui mérite le coup d’oeil. Il est même difficile de le mettre dans un genre quelconque ou même une case, ce qui est plutôt une bonne nouvelle pour qui veut voir quelque chose de différent. Disons qu’on est entre le thriller, le drame et une pointe de fantastique, finalement reniée in extremis à la manière d’une fausse piste, avec un fond profondément contestataire s’inscrivant dans la mouvance « Black lives matter ». Ce film nous arrive donc de manière plutôt opportune sans le vouloir. Et, comme le martelle la promotion à grands renforts d’annonces, ce film singulier est dans la continuité des œuvres de Jordan Peele tels que « Get Out » et « Us ». Certes en plus virulent et baroque mais aussi plus grossier et moins abouti ce qui ne l’empêche pas de développer des qualités indéniables.
En effet, ce drôle de film à l’apparence de série B tutoie autant les sommets artistiques qu’il se pare de fautes de goût, laissant le spectateur à la fois exsangue, frustré mais aussi satisfait parce qu’il ne sait jamais où cette histoire va l’emmener. Du côté des bonnes surprise et c’est incontestable : la beauté des plans et de la photographie. Le duo Bush/Renz impressionne pour un premier film et nous en met plein la vue sans pour autant qu’on est l’impression que c’est pour épater la galerie. Dès les premières images dans la plantation de coton, on est subjugués par les choix de cadrages, par la couleur des images et la confection de plans minutieusement travaillés et qui nous flattent la rétine. Ajoutez à cela une ambiance sonore impeccable et adaptée faite de violons grinçants et on peut sans hésiter dire que « Antebellum » nous offre une esthétique et une atmosphère travaillée et irréprochable. Ensuite et surtout (car sans cela on serait resté soit dubitatif, soit totalement désintéressé), il y a ce twist incroyable dans la dernière partie que ne renierait pas M. Night Shyamalan. Un rebondissement inattendu qui permet de relier les deux temporalités du film alors qu’on ne voyait pas de rapport. C’est assez bluffant et pertinent et c’est réellement ce qui fait tout le sel du film. Mais on se pose la question : ce long-métrage ne tiendrait-il pas que sur cela et sa forme généreuse ?
Malheureusement, un peu quand même. La première partie est un peu trop longue sans qu’on nous donne des clés de compréhension tangibles et elle s’apparente à un « 12 years of slave » du pauvre sur le fond. Ensuite l’interprétation et les dialogues ne sont pas toujours à la hauteur. S’ensuit une seconde partie toute aussi longuette et quelque peu superficielle. Il faut donc attendre plus d’une heure pour que notre intérêt soit stimulé et que le retournement de situation vienne enfin donner une toute autre tournure à « Antebellum ». En somme l’idée est excellente mais le traitement laisse tout de même à désirer. Enfin, le message racial est trop appuyé et manichéen. En essayant de montrer que le racisme de l’époque esclavagiste est toujours présent de manière plus insidieuse aujourd’hui, les réalisateurs partent d’une bonne intention mais le message est bien trop appuyé et s’avère contre-productif. On est donc face à une œuvre bancale sur le fond, agréable sur la forme mais loin d’être totalement concluante.
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