*********** Le film Antebellum est disponible en vidéo sur demande sur les différentes plateformes dès ce vendredi 18 septembre. *********
Jordan Peele avait frappé fort avec son Get Out qui plaçait le racisme au coeur d'un suspense d'épouvante captivant. Après un tel chef d'oeuvre (qui a reçu une nomination aux Oscars dans la catégorie « Meilleur film »), tous ceux qui passeront après auront l'air de banales contrefaçons. C'est malheureusement un peu le cas d'Antebellum qui, malgré ses bonnes intentions, ne devient jamais celui qu'on espérait.
Le film raconte l'histoire de Veronica, une prolifique autrice noire fièrement engagée dans la lutte contre le racisme. Lors d'une soirée endiablée avec ses copines, elle est kidnappée par une femme blanche névrosée qui l'amène dans un lieu secret où l'esclavage est toujours la norme.
Les réalisateurs et scénaristes Gerard Bush et Christopher Renz ont choisi de jouer avec la ligne du temps pour surprendre les cinéphiles et accroître le mystère. Le résultat est peut-être probant, mais il engendre une confusion chez le spectateur qui nuit à sa compréhension et, ultimement, à son appréciation de l'oeuvre. Les cinéastes ont divisé le film en trois phases : la première demi-heure se déroule sur - ce qu'on s'imagine être - une plantation de coton dans le Sud des États-Unis avant la Guerre de Sécession, la seconde dans le présent, et la troisième, le dénouement, revient sur les lieux de la première. Le fait d'avoir scindé le long métrage de façon aussi chirurgicale le rend moins accessible.
Janelle Monáe est une actrice brillante et elle prouve ici à nouveau ses compétences. Malheureusement, le film n'est pas à la hauteur de son talent. On ne peut pas dire, par contre, que cette histoire n'a pas lieu d'être. Après la mort terrifiante de George Floyd au printemps dernier et la recrudescence du mouvement Black Lives Matter, il est d'autant plus nécessaire de parler de racisme. Ce film en fait état de manière crue et brutale. L'esclavage en lui-même était un film d'horreur et il est donc pertinent aujourd'hui d'avoir recours à ce genre cinématographique pour en parler. Mieux construit et écrit avec plus de finesse, Antebellum aurait pu avoir une force de frappe redoutable.
Le tout se conclut sur des images puissantes qui devraient nous amener à réfléchir sur les horreurs du passé et le présent pas si glorieux, mais elles tombent à plat. Antebellum n'est jamais aussi fort que le message qu'il veut transmettre, et c'est bien dommage.