La phase 5 de l'univers cinématographique de Marvel débute avec Ant-Man and the Wasp: Quantumania, un film qui ressemble à tout sauf à un épisode de l'homme fourmi.
Que l'on aime ou pas Ant-Man, le superhéros le plus minuscule de l'univers, les longs métrages le mettant en vedette sont uniques. Il s'agit de comédies absurdes qui s'intéressent à des enjeux mineurs, laissant toute la place à ses personnages colorés pour délirer avec bonheur. Après un sympathique premier épisode et un ennuyant second tome, la formule a été complètement bouleversée pour ce troisième effort toujours réalisé par Peyton Reed, qui se révèle plus ambitieux, centré autour de ses séquences d'action.
Toute la famille d'Ant-Man a été aspirée au royaume quantique, ce lieu hors du temps et de l'espace où a été secourue grand-maman (Michelle Pfeiffer) dans le précédent ouvrage. Ils découvrent un endroit inimaginable, peuplé de créatures incroyables. Et surtout un conquérant belligérant (Jonathan Majors), en proie à éradiquer une bonne fois pour toutes la résistance afin de s'échapper de sa prison.
Cela ne prend que quelques minutes passées dans ce monde pour avoir l'impression de se retrouver devant un dérivé de Star Wars. Les conflits sont pratiquement les mêmes, tout comme les bêtes rencontrées, alors qu'un montage parallèle similaire est utilisé pour alterner entre les quêtes des personnages.
L'humour si important de la série a été détrôné par des gags de bas étage (souvent sur fond de trous), tandis que l'émotion manque à l'appel, remplacée par des moments extrêmement explicatifs tentant d'éclairer tous les tenants et aboutissants. Un défaut que l'on retrouvait également dans Doctor Strange in the Multiverse of Madness.
L'intrigue téléguidée que l'on a déjà vue plus efficace (sur Tron: Legacy notamment, alors qu'on y reconnaît presque certains thèmes musicaux) emprunte des motifs éprouvés - toujours cette relation parent/enfant qui verse dans le sentimentalisme à deux sous et ce rappel moralisateur que des Davids unis peuvent terrasser un inquiétant Goliath - sans jamais les renouveler. L'intérêt du récit n'est évidemment pas là, même s'il y avait matière à creuser.
La trame narrative n'est qu'un prétexte pour multiplier les scènes d'action. Elles sont généralement spectaculaires, exploitant ce faste univers qui ne manque pas d'en mettre plein la vue. Comme toujours, il y a beaucoup trop d'affrontements, de poursuites et d'explosions. Mais la durée relativement acceptable de l'entreprise (deux heures et des poussières) empêche les répétitions souvent inhérentes au genre de voir le jour.
Il est même possible d'en soutirer un certain plaisir. La production semble se complaire volontairement ou pas dans la série B et même Z, sacrifiant toute sa profondeur et son intérêt au profit du divertissement. Celui kitch et complice, comme pouvaient l'être les films de monstres des années 1950.
Les effets spéciaux prennent tellement de place qu'ils finissent par reléguer les personnages aux oubliettes. C'est le cas de Paul Rudd, qui joue toujours une version cocasse de lui-même. Mais surtout de la pauvre Evangeline Lilly (La Guêpe) qui aurait très bien pu ne pas être là. Et de Michael Douglas qui méritait mieux. En revanche, Michelle Pfeiffer étonne dans un rôle musclé. Puis il y a surtout Jonathan Majors (inoubliable dans The Last Black Man in San Francisco), superbe en méchant manipulateur, que l'on a entrevu dans la série Loki et qui obtient enfin son heure de gloire.
L'acteur est si convaincant qu'il donne presque des munitions pour voir Ant-Man and the Wasp: Quantumania, un Marvel futile qui aidera néanmoins les fans à patienter d'ici la sortie de Guardians of the Galaxy Vol. 3 dans moins de trois mois.