Cela fait déjà plusieurs années que le remake cinématographique de la comédie musicale Annie est en développement à Hollywood. Au départ, ce devait être la fille de Will Smith qui incarne la protagoniste et son père aurait personnifié le milliardaire Will Stacks. Mais comme il a fallu plus de temps que prévu à Sony pour développer le projet, le studio a dû engager une autre actrice. Quvenzhané Wallis (nominé aux Oscars pour sa performance dans le film 12 Years a Slave), et Jamie Foxx (oscarisé pour son rôle dans Ray) ont donc remplacé Smith et sa fille; des seconds choix plus que convenables.
Wallis et Foxx forment définitivement un duo électrique à l'écran, même s'ils s'approchent parfois dangereusement de la limite vers la caricature. Cameron Diaz plonge, de son côté, sans gêne dans la parodie. Son personnage - celui d'une ancienne chanteuse qui n'est pas arrivée à percer et qui a dû se résoudre à devenir famille d'accueil pour payer les factures - nécessite ce genre de singeries pour ne pas apparaître complètement odieux aux yeux du public. Elle doit apporter quelques rires afin qu'on s'attache un tant soit peu à elle. En fait, il n'y a pas de personnages complètement antipathiques dans Annie, même le directeur de campagne de Stacks, qui ose certains gestes impardonnables, ne nous apparaît pas comme une menace réelle.
Annie se veut candide et bon-enfant. Le film ne veut en aucun cas effrayer les enfants d'une quelconque façon, ni par ses personnages, ni par ses actions. Annie est le film familial par excellence; de la danse, des chansons, une histoire qui finit bien, des images colorées, des protagonistes attachants, une modernité réconfortante (oui, Annie a un compte Twitter) et un adorable petit chien. Arriver à combler petits et grands n'est pas une mince tâche, mais Annie s'accomplit de ce devoir avec brio.
Mais reste tout de même qu'Annie n'est pas parfait. L'histoire très ingénue amollit l'ensemble production. Nous ne sommes jamais vraiment sur le qui-vive. Nous ne nous inquiétons jamais pour le sort de la petite orpheline, comme c'était davantage le cas dans le film original. Et ça ne vient pas uniquement du fait que nous connaissons la fin, et que nous savons qu'Annie finira entre de bonnes mains, le long métrage ne se met jamais vraiment en danger, probablement pour préserver le plus possible son auditoire « de tous âges ».
Les chansons, qui prennent une place prépondérante au sein de la production, sont nombreuses, mais pas trop. Elles ne sont pas très longues, mais restent que quelques-unes auraient pu être écourtées davantage pour ne pas affecter le rythme de l'histoire (surtout celles chantées par des personnages plus secondaires). La traduction n'est pas complètement désagréable (même si elle a été faite en France), mais les chansons auraient pu être seulement sous-titrées parce que certaines sont, en français, assez boiteuses (notamment Opportunity, traduite logiquement par Opportunité, qui paraît pourtant complètement décalée).
Il y a aussi quelques magnifiques clins d'oeil au premier Annie; d'abord dans l'introduction, puis après dans certains éléments de l'histoire revisitée. Il est d'ailleurs important de savoir que ce Annie est une adaptation libre et moderne de l'originale. L'histoire n'est pas exactement la même, et c'est bien ainsi, parce que vouloir placer l'orpheline d'avant dans un contexte actuel aurait engendré des anachronismes monumentaux.
Annie met de la couleur dans notre hiver blanc. Non, il n'est pas parfait. Il manque de nerfs, de risques et d'intensité, mais il n'y a pas de film « Général » mettant en scène des acteurs réels plus adaptés pour un bon moment en famille qu'Annie de Will Gluck en ce moment.