Septième épisode de l'univers cinématographique The Conjuring, Annabelle Comes Home continue d'user jusqu'à la corde une formule familière qui ne surprend plus et qui ne fait pratiquement plus peur.
À force d'étirer la sauce, elle n'a plus de goût. C'est ce qui arrive à la méchante poupée Annabelle qui ne sait plus vers quel démon se vouer pour fournir une bonne frousse. Elle a beau appeler une horde de mauvais esprits, du brouillard enveloppant, des miroirs menaçants, des jeux suspects, des lampes kaléidoscopiques incroyables, rien n'y fait. Pratiquement tout a déjà été montré précédemment, en beaucoup mieux.
Après une intrigante introduction mettant en scène les personnages principaux de cette série (Vera Farmiga et Patrick Wilson), le récit prend son temps pour démarrer, mélangeant les désarrois adolescents (comme dans le pénible premier Annabelle) et les peurs liées à l'enfance (à l'image de l'haletant second Annabelle: Creation). Rien ne lève, si ce ne sont quelques thèmes valables - l'influence indirecte des parents, l'intimidation scolaire, le sentiment de culpabilité lié à un deuil - qui sont abordés beaucoup trop sommairement. Les jeunes actrices s'acquittent peut-être correctement de la tâche, les êtres qu'elles défendent ne s'avèrent pas très intéressants.
Puis après une décision complètement stupide d'une amie de l'héroïne, la poupée est libérée de sa cage de verre, amenant avec elle de la bien mauvaise compagnie. Soudainement, il y a de l'action à revendre - nettement plus que dans le désolant The Curse of La Llorona, qui a pris l'affiche plus tôt cette année - qui déferle dans cette maison dangereuse. Un à la fois, les différents personnages sont attaqués par des entités maléfiques, créant de répétitifs crescendos de tension qui sont malheureusement avortés par un montage inconsistant.
Tous construits de la même façon, ces moments inquiétants laissent souvent indifférents, procurant au final bien peu de sueurs froides. Les sursauts mécaniques surviennent plutôt des effets sonores, utilisés dans le tapis. Quant au soin apporté à l'atmosphère et à l'ambiance, il déçoit quelque peu, s'avérant bien en deçà du populaire The Nun.
C'est à se demander si cette série n'aurait pas dû se limiter aux deux films The Conjuring, les plus efficaces et réussis du lot. Les autres dérivés ne servent finalement pas à grand-chose, si ce n'est que renforcer ce qui a déjà été dit et montré. La seule exception étant le troublant Annabelle: Creation, qui a été réalisé par un cinéaste talentueux (David F. Sandberg, à qui l'on doit également Lights Out et Shazam!). Il possède une véritable vision esthétique et graphique, ce qui fait défaut aux autres tâcherons embauchés (tous sauf James Wan, évidemment).
Pour son premier séjour derrière la caméra, Gary Dauberman peine à trouver ses repères, n'offrant nullement une production qui sort du lot. C'est encore pire sur le plan scénaristique. Ses nombreux scénarios concoctés pour cet univers font pitié et celui d'Annabelle Comes Homes ne fait pas exception. Et contrairement à ses écrits sur It, il ne peut cette fois se cacher derrière les mots de Stephen King.
Le temps est venu de mêler les cartes afin d'insuffler un peu de vie à cette licence qui tombe de plus en plus en décrépitude. À force de toujours offrir un traitement similaire, des personnages interchangeables et des histoires identiques (même le compositeur est le même de film en film!), l'ensemble finit forcément par se ressembler et, ultimement, par ennuyer. Sans doute que The Conjuring 3 qui sortira l'année prochaine ramènera les frissons originels, sauf qu'il faut sérieusement se questionner sur la pertinence des autres épisodes. Si un jour on revoit Annabelle, il faudra la confier entre les mains d'un vrai cinéaste... ou la faire affronter Chucky. Voilà au moins un long métrage qui ne se prendra pas au sérieux.