Depuis quelques années, une série horrifique se démarque du lot. Il s'agit de celle de The Conjuring, qui est en train de développer un univers de plus en plus riche à chaque nouveau film. Il y a eu une suite qui n'a pas déçu et maintenant Annabelle: Creation, un antépisode savoureux qui fait oublier son indigeste prédécesseur.
Comme Chucky avant elle, Annabelle est une poupée démoniaque qui s'anime pour faire peur à des enfants sans défense. Pauvres petits orphelins qui tremblent dans une immense maison qui n'est pas la leur!
Le scénario du long métrage, signé Gary Dauberman (l'auteur du premier Annabelle), est d'une banalité sans nom. Pratiquement aucun enjeu n'est élaboré, au même titre que la psychologie des personnages qui demeure bien primaire. Clichés et répétitions se succèdent au tournant pendant près de deux heures pas toujours rythmées de cris et de sursauts souvent gratuits.
C'est tout de même un exploit de pondre une histoire aussi quelconque qui ne handicape pas outre mesure cette création généralement efficace et divertissante. À l'image de l'introduction où une fillette s'amuse avec ses parents, le film s'apparente à un immense jeu de la part de son cinéaste David F. Sandberg, qui offre là une jolie carte de visite pour un projet ultérieur plus substantiel. Le talentueux Suédois possède une excellente connaissance du genre et il offre de nombreux tours de passe-passe dans sa façon de terrifier ses personnages (et donc le spectateur). Il les plonge dans des dizaines de situations attendues qui fonctionnent malgré tout, arrosant l'ensemble d'un humour qui fait mouche presque à chaque coup.
Comme dans son précédent et fort valable Lights Out, le réalisateur opère un véritable combat entre la noirceur et la lumière, donnant peu à peu la victoire aux ombres qui semblent tout dévorer sur leur passage. Sa mise en scène en complète osmose avec ce principe utilise donc le noir à toutes les sauces, rendant le malaise de plus en plus palpable, transformant des objets du quotidien en véritables menaces.
Les interprètes se livrent corps et âme à cette séance de frissons. Malgré toute leur fermeté, les adultes (qui sont menés par Stephanie Sigman, l'inoubliable Miss Bala, qui campe ici une Soeur pas comme les autres) ne font pas le poids face aux enfants. Talitha Bateman est une véritable découverte en héroïne tourmentée et on ne se tanne pas du visage extrêmement expressif de Lulu Wilson, la révélation du plus que satisfaisant Ouija: Origin of Evil.
À une époque où les bons films d'épouvante ont la cote (It Comes at Night, Grave et compagnie), Annabelle: Creation fait revivre avec un certain brio une méchante moribonde en l'inscrivant directement dans la lignée temporelle du premier Annabelle, tout en rajoutant une couche supplémentaire à la série The Conjuring et en annonçant l'épisode qui prendra l'affiche en 2018. Ce n'est plus seulement chez Marvel qu'on se doit de demeurer jusqu'à la fin du générique.