Le deuxième volet des aventures de Robert Langdon (qui est en fait le premier, mais bon), prend l'affiche alors que la religion, du moins en Occident, est de moins en moins populaire. Le remède? Le cinéma populaire. En lui ajoutant un téméraire universitaire et une sombre histoire de meurtres qui aborde, en plus, le passé sanglant de l'Église catholique de Rome, Anges et démons s'adresse à un large public en quête de mystères et de complots millénaires. Pas nécessairement à la recherche d'inspiration divine et de rigueur écclésiastique, diront les mauvaises langues.
À la mort du Pape, les cardinaux sont réunis à Rome afin d'amorcer le conclave qui doit élire son successeur. Cependant, une organisation secrète millénaire, les Illuminati, qui défend la place de la science face à la religion, a enlevé les quatre principaux candidats et menace de faire exploser le Vatican à minuit. Les autorités catholiques font donc appel à Robert Langdon, spécialiste des symboles un peu aventurier, afin de retrouver les disparus et de sauver l'honneur de la religion.
La construction dramatique a tout de l'artificiel et même de l'insultant; Langdon a une heure entre chaque meurtre pour trouver le prochain indice, et à chaque fois il arrive quelques secondes en retard parce qu'il a été retenu par un ressort scénaristique lâche et même redondant. Et l'apothéose finale, excessive et désagréable, pousse le ridicule encore plus loin. D'autant que l'explication, qui vient après un autre long vingt minutes, ne tient absolument pas la route; personne, à moins qu'il soit doté de dons divins, ne peut mettre au point un tel plan. Le spectateur est donc laissé de côté, abandonné avec une explication hypothétique et insuffisante. Et il faut en plus ajouter que la morale « la science n'est pas nécessairement contre la religion » fait un peu trop « effort de réconciliation ».
Tom Hanks, qui enfile le toupet de Langdon avec une facilité déconcertante, est fort habile pour mener son étonnant sens de la déduction à travers les (forts jolis et poussiéreux...) monuments romains. Sa culture générale est sans pareille, sa soif d'aventure également et son sens de la répartie, fort aiguisé, ne semble rien avoir perdu depuis le Code Da Vinci. Il semble pourtant complètement désintéressé de cette enquête, et qui pourrait l'en blâmer? Cela dit, son « acolyte », Vittoria, est aussi inutile qu'une confession sans péché. De nombreux « raccourcis » minent le scénario déjà bancal : quelle chance que l'église qui doit servir de théâtre à un meurtre soit en rénovations, quelle chance que le camerlingue ait été pilote, quelle chance aussi qu'il prenne le temps d'expliquer aux cardinaux tous les enjeux de la religion catholique en ce siècle impie. Le scénario divise simplement bons et méchants et tout est rondement mené jusqu'à une finale exagérément audacieuse, au symbolisme fort qui alourdi inutilement le propos qui l'est déjà. Tout ça est très frustrant. Quelques effets spéciaux sont même absolument risibles.
Ni Ron Howard, qui a pourtant du talent, comme le prouve son récent Frost/Nixon, ni Hanks n'y ont mis l'effort. Païens et croyants trouveront donc ce qu'ils cherchent avec Anges et démons, c'est-à-dire quelques minutes d'action et bien des énigmes déjà résolues. Les impénétrables voies divines sont sauves, celles du cinéma aussi. Divertissement de deuxième ordre au suspense bidon, Anges et démons n'offre que quelques vieilles légendes et du mystère. Difficile de croire qu'avec toutes ces irrégularités, on se laissera gaillardement prendre au jeu.