Ananas express a le sceau de qualité du duo Apatow/Rogen. Le même humour décalé et audacieux, les mêmes excès que les Superbad et Knocked Up des dernières années, avec des fusils et des explosions en plus. Voilà un mélange alléchant qui, sur papier du moins et grâce à une savante bande-annonce, avait absolument tout pour plaire à un public rigoureusement sélectionné parmi les meilleurs : les drogués et autres tordus de tous les pays. De la drogue, de l'action, du poil sur le torse; c'est parfait. Sauf que le film n'est pas aussi achevé qu'espéré.
Alors qu'il est chargé de livrer un document juridique, Dale Denton est témoin d'un meurtre impliquant une policière corrompue et un trafiquant de drogue de la région. Découvert, il se rend rapidement chez son dealer, Saul, et les deux se lancent dans une cavale où le danger côtoie les plants de pot, les joints et les tueurs à gages.
Rogen incarne le même ado retardé qui refuse de grandir, qui a une copine encore à l'école secondaire et qui adore fumer un joint après une dure journée de travail que dans la plupart de ses films, et il est toujours aussi efficace. Même si on les voit souvent venir de loin, les meilleures blagues sont encore une fois celles qui font référence à la culture populaire (dont une, hilarante, impliquant Jude Law) et sur cette conscience de soi-même très post-moderne qui fait que les personnages s'interrogent tout haut sur les effets néfastes d'une consommation de drogue aussi assidue. Mais Franco, dans le rôle d'un dealer qui est certainement son meilleur client, s'approche dangereusement du cabotinage. Complètement gelé, son personnage rate à peu près tout et, à moins d'être gelé soi-même, cette blague, répétée jusqu'à l'infini + l'infini + 1, exaspère rapidement. Ne reste que cette mode de l'homo-érotisme entre gars hétéros qui est drôle, oui, mais redondante.
Si bien que lorsque arrive enfin le dénouement - un véritable carnage filmé avec compétence par David Gordon Green, qui est beaucoup moins habile avec l'aspect « comédie » - on a déjà décroché. On ne s'intéresse pas suffisamment au destin des personnages, on a plutôt hâte que le film se termine enfin. Malheureusement, d'ailleurs, parce que les meilleurs moments sont encore à venir, tandis que le film s'étire et s'étire encore. Étrange sentiment puisque les personnages ont une quête bien plus sérieuse que celles de plusieurs autres comédies. Le traitement, lui, est complètement farfelu et incohérent; pour le meilleur et pour le pire.
Si l'idée est bonne, le résultat n'est pas tout à fait au point. Ah! Rogen a toujours un talent rare pour la comédie et les textes font souvent preuve d'une inventivité bienvenue. Les quelques personnages secondaires ont chacun leur moment de gloire, mais cela ne suffit pas. Une première partie longuette retarde grandement le début du plaisir qu'on trouvera dans le feu d'artifices de fusillades et de tueries d'une finale qui n'en finit plus de finir. Quelques moments sont drôles, les combats sont certainement créatifs et audacieux, mais on peine à maintenir un rythme satisfaisant, sans doute comme le battement de coeur irrégulier de ces individus trop gelés pour être nerveux lorsque poursuivis par une bande de dangereux tueurs à gages.
Ananas express est une tentative plus que téméraire dans le genre hybride des comédies d'action. Une bonne idée, on veut bien l'admettre, mais les irritants ne sont pas tous évités malgré le talent bien réel des interprètes et la force des textes. Une blague ou deux marqueront les mémoires, et les Rogen, Franco, McBride et autres donnent dans un rafraîchissant excès qui a ses bons comme ses mauvais moments. Un manque de maturité, sans doute.
Ananas express a le sceau de qualité du duo Apatow/Rogen. Le même humour décalé et audacieux, les mêmes excès que les Superbad et Knocked Up des dernières années, avec des fusils et des explosions en plus. Voilà un mélange alléchant qui, sur papier du moins et grâce à une savante bande-annonce, avait absolument tout pour plaire à un public rigoureusement sélectionné parmi les meilleurs : les drogués et autres tordus de tous les pays. De la drogue, de l'action, du poil sur le torse; c'est parfait. Sauf que le film n'est pas aussi achevé qu'espéré.