Amsterdam avait toutes les qualités pour se démarquer lors des prochaines cérémonies de prix. Au lieu de ça, il s'agit d'une des plus grandes déceptions de l'année.
Il n'y a pas si longtemps, David O. Russell était l'un des cinéastes américains les plus en vogue avec des succès mérités comme The Fighter, Silver Linings Playbook et American Hustle. Puis il y a eu de nombreuses controverses, le peu convaincant Joy en 2015 et le réalisateur semble avoir disparu dans la brume.
Le voilà de retour par la grande porte avec ce nouveau projet qui s'inspire d'une histoire s'étant déroulée à New York en 1933 : l'implication de trois amis (Christian Bale, John David Washington et Margot Robbie) afin de déjouer un complot qui aurait fragilisé l'équilibre des États-Unis.
Le sujet ambitieux laisse rapidement place à un scénario épineux qui va dans toutes les directions, allongeant artificiellement ses scènes - l'ensemble s'étend sur 135 longues minutes - en oubliant d'y apporter la moindre profondeur. Le récit butine entre le suspense policier, le drame social, la comédie à numéro et le thriller politique sans que cet amalgame de genres porte véritablement fruit. Très souvent, l'intrigue bordélique est abandonnée au profit d'ellipses inutiles qui rappellent l'importance de l'amitié. Puis il y a cette romance collante et sirupeuse qui prend énormément de place. En apparence complexe, la prémisse tient difficilement la route et elle ne convainc jamais réellement. Surtout que la conclusion vient tout expliquer ce qui a été vu précédemment, à grand renfort de morales et de sentiments.
Impossible toutefois de ne pas être attiré par ce long métrage tant sa distribution est alléchante, à rendre jaloux tous les Wes Anderson et Adam McKay de ce monde. On y retrouve notamment Robert De Niro, Taylor Swift, Chris Rock, Rami Malek, Mike Myers, Anya Taylor-Joy, Michael Shannon et autres Zoe Saldana. Malheureusement, ils doivent souvent se contenter de rôles caricaturaux et peu étoffés. Cela ne va guère mieux du côté du trio en place, dont la chimie laisse à désirer. Chaque acteur semble jouer dans son propre film, n'évitant pas de cabotiner au passage.
C'est d'autant plus dommage que le metteur en scène n'a rien perdu de son savoir-faire technique, offrant une réalisation alerte et dynamique. Il sait surtout bien s'entourer, autant au niveau de la fabuleuse direction artistique que de la virevoltante trame sonore. Mention spéciale à la magnifique photographie d'Emmanuel Lubezki, grand complice de Terrence Malick et d'Alejandro Gonzalez Inarritu.
Cela ne rend pas Amsterdam meilleur. Au contraire, l'immense talent devant et derrière la caméra met encore plus en évidence les nombreuses incohérences scénaristiques, la pauvreté des dialogues et l'humour qui tombe souvent à plat. David O. Russell est mieux de se ressaisir, car il est indigne de cette création qui demeure, et de loin, sa pire en carrière.