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Passion austère.
Film d’époque, lieu froid et isolé, deux femmes que tout oppose (une artiste et une bourgeoise), une passion naissante… Cela ne vous rappelle-t-il pas quelque chose ? Pour ceux l’ayant vu, on pense tout de suite à « Portrait de la jeune fille en feu » de Céline Sciamma lorsque l’on découvre « Ammonite ». Et ce sentiment diffus mais persistant ne faiblira pas durant toute la durée de la projection tant les deux films se ressemblent. Celui-ci passant après, il y a comme un gros air de déjà-vu qui lui est extrêmement préjudiciable comme il est clairement moins réussi. Francis Lee, dont c’est le second film après « Seule la terre », nous refait le coup de l’histoire d’amour homosexuelle et contrariée dans un contexte difficile mais choisit cette fois d’en illustrer le pendant féminin. Comme s’il voulait compléter son début de filmographie avec une œuvre miroir.
Et le problème de « Ammonite » est le même que pour « Seule la terre », mais de manière encore plus accentuée ici. Son film est froid, terriblement austère et laisse à distance. Tout est tellement en retenue que l’émotion ne nous touche pas et que la passion entre les deux protagonistes ne nous effleure quasiment jamais. Dans le film de Sciamma, malgré la froideur environnante, l’histoire de cette peintre et de cette future mariée qui se désirent savait délivrer quelques frissons passionnés et les plans magnifiques de la cinéaste faisaient le reste. Ici, tout est glacial et ascétique, presque triste. Et si cela correspond avec l’époque et le lieu, cela ne nous permet jamais de ressentir quoi que ce soit. Qui plus est, il faut attendre plus d’une heure avant qu’il se passe quelque chose entre les deux personnages. Faire monter le désir et l’attente c’est bien, en abuser c’est jouer avec la patience du spectateur et c’est dommageable.
Heureusement, « Ammonite » peut compter sur ses deux actrices principales. Kate Winslet prend son rôle à bras le corps comme d’habitude tandis que la jeune Saoirse Ronan nous montre une autre facette de son talent. Même si le long-métrage est plutôt plat, on ne s’y ennuie presque pas, curieux de voir comment cette relation va évoluer. On se focalise davantage sur la reconstitution et d’autres détails d’époque. Mais, encore une fois, la réalisation reste très/trop sobre, certes en accord avec le reste, confirmant ainsi le film de festival un peu trop glacial pour être honnête. C’est le genre de cinéma qui ne plaira pas à tout le monde, tellement tout cela est triste à regarder, presque poussiéreux. On assiste à l’histoire d’amour de deux femmes durant une époque qui ne le permettait pas mais on aurait aussi aimé ressentir l’interdit de cette passion, sujet connexe que le film ne traitera malheureusement pas. On se contentera en revanche d’un très beau plan final plein d’incertitudes qui conclut le film de belle manière.
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