Friends with Benefits a les mêmes balises que No Strings Attached, sorti en janvier, soit celles, toutes théoriques, du sexe entre amis. Possible de baiser sans s'engager émotivement, ou pas? Disons que Friends with Benefits ne propose pas de révolution sur cette question... Et, tout compte fait, il ne propose rien de bien neuf dans ce genre très commun qu'est la comédie romantique. Il s'agit cependant d'un travail fort bien fait, bien joué, bien réalisé, bien scénarisé aussi (ce qui est la base de tout) et qui séduit suffisamment pour qu'on lui pardonne quelques petits défauts... et qu'on les trouve même, peut-être, un peu sexy. D'une certaine façon.
C'est Will Gluck, réalisateur du séduisant Easy A, qui dirige Mila Kunis (délicieuse, autant dans la romance que dans la comédie) et Justin Timberlake (entièrement dédié, et tout aussi convaincant) dans cette comédie qui, bien qu'elle semble consciente de ce qu'elle est, semble aussi incapable de s'en distinguer. Comme si on abandonnait en cours de route une bataille (féroce) contre les clichés. Les blagues ne fonctionnent pas toutes et il y a quelques problèmes de rythme vers les deux-tiers (à cause d'une sous-histoire de maladie d'Alzheimer, complètement inutile), mais c'est généralement assez enjoué et dynamique. Mais l'humour parfois tordu ne suffit pas, pas plus que les personnages secondaires déjantés qui semblent plaqués, incarnés par Woody Harrelson et Patricia Clarkson, pour proposer une relecture complète du genre.
Friends with Benefits est hilarant lorsqu'il est grivois, sous la ceinture, et il ne l'est malheureusement pas assez. Les scènes de sexe - nombreuses - sont assez prudes. L'introduction, qui montre deux séparations simultanées, est si inventive et si bien réalisée qu'on commence à rêver à un long métrage rafraîchissant et débordant de créativité. Malheureusement, plus on avance, plus on se conforte dans des stéréotypes liés à l'amour en amitié, ceux qu'on retrouve justement dans les comédies romantiques dont Friends with Benefits a apparemment conscience. On n'a pas l'impression d'être manipulé, cependant, même si les stratagèmes de Dylan pour re-séduire Jamie deviennent à la longue un peu lassants.
Et si leur histoire d'amitié/amour est plutôt jolie, elle est aussi vide de signification que possible, aussi conventionnelle que le sont toutes les histoires d'amour dans les films. C'est décevant, mais seulement parce qu'on espérait davantage d'un film qui avait tout pour déstabiliser. Mais on constate aussi avoir affaire à des gens compétents. La révolution, ce sera pour une prochaine fois... Disons, pour imager, qu'on ne risque pas d'avoir envie d'une relation à long terme avec Friends with Benefits, mais que pour un one-night stand, ça fera très bien l'affaire (d'autant que les nombreuses - et efficaces - références à la culture populaire sont très actuelles). À condition de garder la lumière allumée!