Tout le monde a droit à une seconde chance. Cette maxime est d'ailleurs répétée ad nauseam dans Alors on danse, une comédie sentimentale qui laisse bien peu de souvenirs, si ce n'est celui d'avoir gaspillé une distribution de talent.
Populaire actrice dans les années 90 (La crise, Pédale douce), qui s'est récemment reconvertie à la réalisation, Michèle Larocque interprète ici une bourgeoise cocufiée qui décide de se réfugier chez sa soeur prolétaire (Isabelle Nanty). Entre les frangines, c'est l'huile et le feu. Seule la danse aura le pouvoir de les rapprocher.
Ce long métrage flirte avec la nostalgie bon marché. Celle d'une France plus juste et équitable qui a soif de liberté et qui n'a pas abandonné ses rêves de jeunesse. La métaphore sociale du pays est également celle de ses individus qui n'ont toujours pas dit leur dernier mot et qui aspirent encore et toujours au bonheur.
Une prémisse noble qui tient difficilement la route tant les clichés et les discours moralisateurs sont de la partie. Des symboles pesants (l'homme qui répare son bateau pour partir un jour) aux chansons trop évocatrices, chaque petit détail rappelle la possibilité d'une existence différente. Un peu plus et on se croirait devant un conte de fées, qui a plus à voir avec les bluettes américaines (il s'agit en fait d'un remake d'un film anglais) que les fantaisies mélancoliques de Jacques Demy.
Comme dans sa précédente création Chacun chez soi (qui n'était qu'un énième ersatz de Tanguy), Michèle Laroque n'a que faire de sa mise en scène. Cette dernière est purement accessoire et fonctionnelle, alternant entre les plans interchangeables et les visions atrophiées de cinéma. Comme si la comédie romantique contemporaine était le maillon faible du septième art quand vient le temps de soigner son esthétisme et d'y intégrer une véritable personnalité d'auteur.
Ce qui intéresse plutôt la comédienne devenue cinéaste est de réunir une troupe qu'elle connaît comme sa poche et de leur livrer une partition, même si elle s'avère quelconque, appuyée, limitée et ultimement décevante. La chimie opère néanmoins entre les acteurs qui aiment travailler ensemble. Le duo composé de Michèle Larocque la coincée et d'Isabelle Nanty l'hystérique fonctionne aisément, bien que le cabotinage soit de la partie. Surtout que cette dernière finit par jouer avec des nains de jardin, clin d'oeil inopérant au Fabuleux destin d'Amélie Poulain qui l'a révélée au grand jour. Elles sont entourées de Patrick Timsit, touchant en ami qui a le coeur sur la main, et du toujours hilarant Thierry Lhermitte, qui fait amplement sourire même si les situations humoristiques demeurent plutôt chancelantes. Il a toutefois l'occasion de livrer un solide « Merci camarade! » en hommage au délicieux Quai d'Orsay.
Voir ces anciennes gloires d'hier qui peinent maintenant à trouver des rôles intéressants devient ainsi l'ultime métaphore de cette oeuvre qui valorise un renouveau en sachant pertinemment que le charme n'opérera jamais comme avant.
Alors on ne danse ne sait, ironiquement, pas sur quel pied danser, optant sans cesse pour la légèreté et la facilité au lieu d'offrir une réflexion existentielle plus soutenue.