Enfin un film grand public un peu différent de toutes ces oeuvres synonymes qui jonchent le répertoire cinématographique américain. Le charme d'Allied semble sorti d'une autre époque, une époque où on tournait sur pellicule des images de noir et blanc. Il n'a bien sûr pas la contenance ou l'élégance d'un Casablanca, mais c'est définitivement ce qu'il tend à atteindre. Robert Zemeckis fait des efforts considérables afin de rendre son film élégant et mémorable et il y arrive. Le glamour qu'il arrive à transmettre aux spectateurs et le caractère raffiné de son film sont l'une de ses principales qualités.
Bien qu'il faille un moment au public avant de croire à l'idylle naissante entre les personnages de Brad Pitt et Marion Cotillard, une fois l'intrigue installée et la retenue de l'introduction passée, le couple devient crédible et touchant. Les deux comédiens nous livrent d'ailleurs une scène sexy dans une voiture au coeur d'une tempête de sable en plein désert à ne pas manquer. Les sentiments qu'ils ressentent l'un pour l'autre sont vraisemblables, quoique peut-être pas aussi naturels que pour d'autres qui ont aussi joué les amoureux passionnels à l'écran.
L'histoire - celle de deux espions qui tombent amoureux en plein coeur de la Seconde Guerre mondiale et vivent heureux avec leur petite fille dans un quartier cossu de Londres jusqu'à ce que la femme soit suspectée d'être une taupe allemande - est intrigante et divertissante. Les 121 minutes que dure le film filent en un éclair. Le long métrage nous amène même, en fin de parcours, à verser une larme. Il s'agit d'un récit noir, mais empoignant et attendrissant. Il y a bien quelques failles dans cette histoire d'espions et certains détails ont été volontairement esquivés afin de laisser toute la place à la romance, mais on pardonne à Zemeckis ces quelques tergiversations. Pourquoi? Tout simplement parce que son film est bon.
Allied est un heureux mélange entre un drame romantique d'époque et un suspense d'espionnage; un amalgame plutôt bicornu qu'on a rarement l'occasion de voir au grand écran. Pour son caractère différent et sa mélancolie qu'on serait de mauvaise foi de qualifier de surannée, Allied mérite qu'on s'y penche.
***Attention par contre à la traduction! Brad Pitt interprète ici un Ontarien qui a appris son français au Québec et que sa femme (Cotillard) surnomme affectueusement le Québécois. Comme le film a été doublé en France, on se retrouve donc avec un Américain, Brad Pitt, qui joue un Canadien anglais, doublé par un Français imitant très mal (comme tous les Français) l'accent québécois. Voilà un fouillis qui donne mal à la tête! On ne peut que sourciller quand on comprend qu'au début du film la raison pour laquelle Pitt s'exprime comme un attardé mental est parce qu'il a du mal à cacher son « supposé » accent québécois. Holy moly!