Le premier film de François Dompierre a tout d'un premier film : une histoire très personnelle, presque autobiographique, un surplus de bonnes intentions, quelques bonnes idées et autant de petites erreurs, dont une sur-utilisation de chansons populaires qui n'ajoute rien au récit. Quoi qu'il en soit, All the Days Before Tomorrow est un film prometteur autant que son jeune réalisateur, puisqu'il(s) dévoile(nt) une sensibilité cinématographique rafraîchissante et bienvenue, qui mérite tout de même d'être ajustée.
Avant de rentrer au Japon rejoindre son mari, Alison décide de passer un coup de fil à son ami Wes, avec qui elle a entretenu une relation platonique pendant de nombreuses années, entre Montréal et Los Angeles, et qui s'est mal terminée. Les deux amis, qui n'ont jamais succombé à la tentation, auront toute la nuit pour se souvenir de moments importants de leur relation.
Les ressorts du scénario, à l'exception de séquences oniriques inégales, ne recèlent que de très peu de surprises. En fait, on peut même dire que le récit est joué d'avance; ces histoires d'amour amical finissent toute de la même façon. Or, l'intérêt - qui aurait quand même pu être rehaussé en plaçant une féérique tempête de neige en ouverture plutôt qu'en conclusion - consiste en l'habile observation impudique des comportements humains de ces deux exemples crédibles de leur temps. La vigueur des dialogues et l'humour, légèrement décalé, piquent suffisamment la curiosité pour qu'on s'intéresse au destin des deux jeunes.
Côté interprétations, Joey Kern, qui incarne Wes, n'est pas suffisamment à l'aise pour porter le film sur ses épaules, tandis que sa co-vedette Alexandra Holden, plus énergique, dévoile une jolie candeur et semble entièrement dévouée au récit. Cohérente avec son personnage, son passage de l'amitié à l'amour est crédible, contrairement au jeune homme qui lui donne la réplique, qui ne semble jamais convaincu de lui-même ou de son intérêt pour la jeune femme. Cela occasionne malheureusement quelques désagréments. Un montage plus resserré et un nombre plus restreint de refrains populaires auraient fait un grand bien à cette jolie histoire d'amour qui n'a rien à enlever aux autres. Techniquement irréprochable, le film peut même se vanter d'éviter la plupart des clichés.
All the Days Before Tomorrow est cependant un premier film de grande qualité qui démontre un oeil aiguisé pour le cinéma, en tant qu'art public, en tant que média porteur de récits et en tant que vecteur d'émotions. Elles sont nombreuses, diversifiées et justes dans ce cas-ci, ce qui est déjà rare. « Prometteur » demeure le mot juste.