Tu vois, Ridley, ce n'était vraiment pas si compliqué...
L'aussi idiot qu'insupportablement prétentieux Alien: Covenant ayant fait dérailler les plans de la trilogie Prometheus de Ridley Scott, Fede Alvarez (Evil Dead, Don't Breathe) réussit avec Alien: Romulus à remettre la franchise sur les rails en s'évertuant à donner aux fans ce qu'ils attendent depuis 1986.
Eh non, Ridley, ce n'est pas avec des métaphores mythologiques à deux balles, une scène de flûte homoérotique entre deux androïdes, et l'anéantissement de tout ce que pouvait encore représenter l'un des monstres les plus terrifiants du septième art que tu peux sauver une production dans laquelle tous les personnages redoublent d'effort pour prendre les décisions les plus stupides, et ce, dans le seul et unique but de permettre au scénario d'avancer.
Ironiquement, l'un des principaux thèmes d'Alien: Romulus est justement la manière dont la nature humaine et l'émotivité peuvent mener l'être humain à agir de façon totalement irrationnelle en situation de danger.
Une idée trouvant un parfait contrepoids en l'androïde Andy (excellent David Jonsson), qui est soumis à un important changement de directives lors d'une escapade à l'intérieur d'une station spatiale n'ayant pas tant été abandonnée plus que décimée par une puissante créature dont il est inutile de refaire les présentations.
L'une des principales forces d'Alien: Romulus est aussi son utilisation à très bon escient de notre familiarité avec cette menace, à laquelle Fede Alvarez parvient à redonner un côté plus abstrait et omniprésent, trouvant toujours une nouvelle façon de nous faire sentir sa présence en dehors du cadre.
Tout ceci nous amène donc sur la station Romulus, où quelques représentants d'une seconde génération de colons désirant plus que tout quitter leur planète minière où le soleil ne se lève jamais ont décidé de s'aventurer dans l'espoir de récupérer le matériel nécessaire à leur périple de plusieurs années en hyper-sommeil. Parmi ceux-ci nous retrouvons Rain (Cailee Spaeny), une jeune femme pour qui Andy a été programmé pour agir à titre de frère et de protecteur.
Évidemment, la petite balade dans l'espace qui ne devait durer que quelques heures prend une tournure pour le moins sinistre lorsque le groupe découvre peu à peu à quoi ces installations étaient réellement destinées.
Se déroulant à mi-chemin entre les événements d'Alien et ceux d'Aliens, Alien: Romulus effectue d'emblée un travail assez exemplaire au niveau de la direction artistique pour reprendre et entremêler autant le style visuel, l'atmosphère, l'ambiance sonore et la dynamique narrative de ces deux monstres sacrés du cinéma de science-fiction.
Alvarez divise d'ailleurs habilement son récit en deux parties distinctes. La première est totalement dévouée au déploiement de l'univers du film, à la création d'une ambiance glauque teintée de nihilisme, et à l'introduction d'enjeux dramatiques et de personnages tangibles. À l'instar du film original, le cinéaste se concentre avant tout sur la cohésion de son groupe en confiant un rôle précis à chacun, mais en ne donnant pas la voie de la raison au protagoniste habituel.
La deuxième heure, quant à elle, est un feu roulant de tension durant laquelle le réalisateur multiplie les prouesses techniques et les situations périlleuses pour nous tenir en haleine, et ce, tout en variant constamment ses méthodes. Et en reproduisant le temps d'une scène la mécanique fort efficace de son Don't Breathe, Alvarez fait d'une pierre deux coups en évoquant plus directement le remarquable jeu vidéo Alien: Isolation (auquel Alien: Romulus emprunte plus d'une idée sur les plans technique et narratif).
Le seul véritable reproche que nous pourrions adresser à l'endroit du présent long métrage - en plus de la reproduction numérique totalement ratée d'un visage familier et de quelques séquences d'explication plutôt laborieuses -, c'est la manière dont le maître de cérémonie finit par jouer de prudence en basant ses élans sur ce qui a été fait par le passé plutôt que de s'aventurer en terrain inconnu.
Sans parler d'un calquage éhonté à la Star Wars: The Force Awakens, les citations et les lieux communs sont tout de même abondants dans Alien: Romulus.
Après tout, Alien demeure une franchise sur laquelle d'importants cinéastes comme Ridley Scott, James Cameron, David Fincher et Jean-Pierre Jeunet se sont autant fait la main qu'ils se sont casser les dents durant leurs premières années à Hollywood.
Au-delà de ce scénario un peu trop télégraphié, Fede Alvarez parvient néanmoins - à l'instar de ses illustres prédécesseurs - à imposer un style et une approche qui lui sont propres.
Proposant en bout de ligne un film retravaillant et poursuivant aussi bien des idées de l'opus de 1979 que de Prometheus et Alien: Resurrection, Alien: Romulus saisit fermement la balle au bond pour sauver la mise, et offrir le chapitre le plus concluant de la saga en près de quatre décennies.