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French action.
Qui eut cru que l’acteur davantage issu du cinéma d’auteur Alban Lenoir allait devenir, par le biais de son association avec Netflix, le porte-étendard du cinéma d’action bourrin made in France? Pas grand monde... Un peu comme Liam Neeson soudainement propulsé par la saga « Taken » héros de films d’action où il venge et protège la veuve et l’orphelin. Sauf que Neeson avait presque soixante ans et que la plupart des déclinaisons de ce succès furent plus ou moins honteuses. En étant en passe de devenir un modèle de la castagne hexagonale, Lenoir a tout de même l’avantage de la jeunesse. Espérons qu’à l’inverse de l’acteur irlandais, cette étiquette ne lui colle pas trop à la peau au point de devenir une caricature! Encore un degré au-dessus des deux épisodes relativement réussis et distrayants de « Balle perdue », ce « AKA » est un bon film d’action à la française qui copie (bien pour une fois) le cinéma d’action à l’américaine. On est donc loin d’un « Taxi » ou tout autre prototype franchouillard du genre mais pas non plus dans un film d’action générique de l’écurie Besson (Leterrier, Megaton et consorts) mal filmé et qui n’assume pas son côté hybride avec le cinéma de l’Oncle Sam.
Non, ici c’est du cinéma d’action français pur jus à chaque grain de pellicule. Et si « AKA » prend beaucoup des qualités de son cousin, le premier long-métrage de Morgan S. Dalibert se coltine aussi quelques-uns de ses défauts notables. Il y a d’abord le goût de déjà-vu qui imprègne déjà beaucoup ce type de cinéma aux Etats-Unis, hormis quelques exceptions magistrales telles que les sagas « John Wick » ou « Bourne ». Tous les versants du script manquent d’originalité, des politiques corrompus au gamin en détresse en passant par le gars infiltré qui ne doit pas se faire choper, et si ce n’est la nationalité du produit c’est presque prévisible malgré plusieurs sous-intrigues qui tentent de densifier l’histoire. Mais le plus dérangeant ici est peut-être le côté quasiment surhumain du personnage principal même si le script le fait tout de même bien souffrir. Si cela passe (et encore) pour mister Wick par exemple, grâce à une dimension presque mythologique, cela est moins plausible dans un contexte ultra réaliste de lutte anti-terrorisme et de complots d’État comme dans cette production Netflix. Ajoutons à cela quelques petites incohérences qui gâchent un peu le tout.
Cependant, ne boudons pas notre plaisir, « AKA » fait clairement partie du haut du panier de la production tricolore en matière de film d’action. On pourra le ranger, dans un registre peut-être moins profond, du côté des films de Jimenez comme « Novembre » ou « La French » ou des thrillers bourrins de Fred Cavayé comme « Pour elle » et « A bout portant ». Car il y a une volonté louable et visible d’en mettre plein la vue, dans les combats notamment plus qu’avec les fusillades, et d’innover comme le montre cette raclée à l’entrée d’une boite vue via les caméras de surveillance ou ce gigantesque combat dans un squat qui s’avère bourré d’idées dans les chorégraphies comme dans les plans pour un rendu souvent impressionnant et mémorable. Lenoir porte ce rôle à merveille même s’il a peu à jouer sur le versant dramatique; il se donne en revanche beaucoup niveau physique. On est captivé par une histoire qui s’essaie â être moins linéaire qu’à l’accoutumée et on jubile de la dernière séquence, un modèle de mise en scène, sèche et surprenante. En revanche, on hésite à savoir si la séquence dramatique de la fin en mode montage alterné et musique triste est ridicule ou puissante. En tout cas, « AKA » est à ranger dans ce qui se fait de mieux niveau action à la française et on peut peut-être avancer que la France a trouvé son Statham ou son Reeves!
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