Scorsese réalise avec The Departed son plus grand film depuis Goodfellas en 1990, un savant film policier très violent, porté par l'immense talent de sa distribution toute-étoile. Passionnant.
Après avoir perdu un peu de son temps, et beaucoup du nôtre, sur The Aviator, Martin Scorsese retourne à ses premières amours : les criminels, les règlements de comptes, les meurtres sauvages et le sang rouge glorieux. Les mécanismes sont merveilleusement maîtrisés, cette longue et complexe histoire policière est menée au quart de tour dans les rouages entremêlés du crime bostonnais. Assez pour qu'on fasse déjà appel, à mots couverts, à l'ami Oscar, qui devrait être associé rapidement et plusieurs fois à ce film.
Colin Sullivan est un jeune policier tout juste sorti de l'école. Il gravit rapidement les échelons de la police d'État, tout en travaillant comme informateur pour l'homme qui l'a recueilli alors qu'il était tout jeune, le chef de la mafia irlandaise de Boston Frank Costello. De son côté, Billy Costigan est choisi par le chef de la police pour infiltrer l'organisation de Costello. Rapidement mis au fait de leur existence mutuelle, les deux hommes vont tout faire pour tenter de se démasquer, tout en protégeant leur couverture.
Éliminons tout de suite le triangle amoureux, inutile et surtout boiteux, mais qui ne nuit heureusement pas au récit, pour ne se garder que les points positifs, déjà bien plus nombreux. Même s'il est long, le film passe rapidement tellement il est bien rythmé. Pas de temps morts, plutôt beaucoup de morts. Scorsese n'a pas la réputation de se gêner pour montrer des cadavres, et cette fois-ci ne fait pas exception.
Les performances de Matt Damon et de Leonardo Dicaprio sont brillantes, vraiment incarnées donc vibrantes même dans la salle. Dicaprio est si talentueux qu'on a de la difficulté à se souvenir d'une contre-performance, tandis que Damon est complètement habité par son personnage. On pense particulièrement à une scène de confrontation au téléphone qui, même si elle est toute silencieuse, est véritablement enivrante. Et Jack Nicholson, de retour dans le rôle d'un vilain, semble y prendre tout autant de plaisir qu'avant; il n'hésite pas à se salir les mains, ni littéralement, ni figurativement, dans une performance brillante, fort convaincante et merveilleusement bien sentie.
Le scénario complexe de William Monaghan est basé sur le film Internal Affairs, un film hongkongais qui date de 2002. Il souffre bien d'un grave baisse de régime vers la fin lorsqu'il se prend pour une tragédie, mais c'est plutôt de la stupéfaction qu'une maladresse scénaristique. Sinon, les dialogues sont savoureux, vulgaires aussi, mais toujours très intéressants et crédibles.
Vrai, The Departed n'a peut-être pas la qualité de Taxi Driver, même s'il lui emprunte quelques bons moments, mais il demeure certainement l'un des meilleurs films de Scorsese. Bien plus maîtrisé que The Aviator cependant, probablement parce que Scorsese est plus à l'aise dans le monde du crime que dans celui de l'aviation. Espérons aussi pour lui qu'il soit à l'aise dans le mode des galas et des récompenses, parce qu'il va y aller régulièrement dans les prochains mois.
Scorsese réalise avec The Departed son plus grand film depuis Goodfellas en 1990, un savant film policier très violent, porté par l'immense talent de sa distribution toute-étoile. Passionnant.
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