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SF Feng-Shui
Un film rare. Très rare. Et beau. Très beau. « After Yang » est comme une caresse sur le visage ou un murmure à l’oreille. Il fait l’effet d’une goutte de pluie qui coule sur la peau lors d’un orage d’été. Ou du souffle du vent chaud qui effleure le corps. Tout y est douceur et sérénité à tel point que l’on pourrait le qualifier de film feng-shui. Très inspiré dans ses décors, ses images, ses valeurs et les sensations qu’il procure par une certaine forme de pensée asiatique, du Japon particulièrement, il apaise le spectateur comme pourrait le faire ses disques vendus dans les magasins « Nature et découverte », qui simulent les bruits de la nature. En cas de stress ou d’anxiété, c’est véritablement une œuvre qui détend et fait du bien. Le rythme est lent mais jamais ennuyant. C’est presque une œuvre hypnotique et son originalité est vraiment une qualité indéniable.
« After Yang » est une espèce rare qui mélange la science-fiction et le drame. Un film d’anticipation minimaliste au possible où le futur représenté à l’écran nous apparaît parfaitement plausible et, pour une fois, réalisme dans tous les aspects qu’il présente. De l’apparition de clones ou de robots d’aide en tous genres (ici, de manière inédite et en l’occurrence, qui permettent aux enfants adoptés de s’approprier leur culture) en passant par l’architecture et le design des maisons du futur, tout est aseptisé mais pragmatique, probant et pertinent. Et c’est montré de manière simple, humble et discrète par le cinéaste Kogonada dont c’est l’étonnant premier film. Partant de l’adage selon lequel les robots rêveraient de moutons électriques comme le sous-entend le roman de Philip K. Dick (enfin il parlait d’androïdes), ce film est ici adapté d’une nouvelle qui va plus loin en supposant que ceux-ci sont peut-être capables de sentiments. Et toute la quête du propriétaire de robot Yang va être de comprendre le ressenti de celui-ci.
Et c’est d’une poésie folle et d’une beauté plastique indécente. Dès le générique où toutes ces familles dansent sur une compétition virtuelle bercé par une musique électro du meilleur effet, on sait et on sent que l’on va assister à quelque chose de singulier et différent. Et cette impression ne se démentira pas. Ce n’est peut-être pas fait pour tout le monde à cause d’un rythme volontairement languissant et d’une intrigue qui pourrait sembler nébuleuse pour ceux n’adhérant pas à ce genre de proposition mais sinon on se laisse emporter dans ce voyage sensoriel à base souvenirs robotiques et d’enquête en catimini. Les valeurs sur la famille sont de plus distillées de la meilleure des façons. En plus de cela, Colin Farrell, qui revient fort sur les écrans après son rôle mémorable du Pingouin dans le dernier Batman, prouve qu’il est un comédien de talent très sous-estimé. Peut-être pas un chef-d’œuvre mais très certainement un film unique et dont la douce musique résonne longtemps en nous.
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