J'imagine que toutes les générations ont droit à leur Elle a tout pour elle ou leur Twilight. Vous savez ces films qu'on regarde avec perplexité et une pointe d'indignation lorsqu'on n'a plus l'âge de traîner la nuit, dans les rues endormies, avec des canettes de bière dans des sacs en plastique. After est exactement le genre de film qui ne peut pas être apprécié avec des yeux d'adultes. Il comprend bien trop de clichés, d'incohérences et de gamineries pour rejoindre l'esprit cartésien d'une personne mûre. Ce qui explique probablement que des aînés aient quitté la salle avant la fin de la projection aujourd'hui...
Il y aura même, au sein de ce scénario que les cinéphiles nés avant les années 2000 auront vu des centaines de fois, des situations choquantes tellement elles seront prévisibles et invraisemblables. On y retrouve cette scène où le garçon amène la fille dans « son endroit préféré au monde », celle où les amoureux entrent dans un lieu interdit et même celle où il s'adonne à une partie de « Vérité ou conséquence » gênante entre amis. Même si on doit probablement blâmer ici le livre original (vendu à plusieurs millions d'exemplaires à travers le monde) pour le manque d'originalité de sa trame, il n'en reste pas moins qu'After est un film banal qui se complait trop souvent dans son stupre édulcoré.
Parce qu'il faut le dire, After traite l'éveil de la sexualité avec moins de pudeur que bien d'autres avant lui. C'est pourquoi d'ailleurs la comparaison à Fifty Shades of Grey revient fréquemment. Évidemment, on ne parle pas ici d'une sexualité déviante comme celle que pratiquait le milliardaire Christian Grey, mais plus d'une sensualité ingénue entre deux jeunes adultes inexpérimentés. Les scènes d'intimité sont bien tournées et en révèlent suffisamment pour ne pas devenir déplacées. On s'imagine que l'autrice du roman original pouvait se permettre d'être davantage explicite à l'écrit. L'érotisme dans la littérature ou au cinéma, c'est deux choses bien distinctes.
Hero Fiennes Tiffin, qu'on a pu voir dans Harry Potter il y a 10 ans, et Josephine Langford forment un couple peu crédible. Le rebelle au coeur tendre et la bibliophile avide de nouvelles expériences vivent une idylle monotone, qu'on voudrait pourtant nous faire croire passionnée et habitée. C'est quand même agréable de voir Selma Blair, qui a déjà été la vedette d'un film du même genre (Cruel Intention), incarner ici la maman protectrice. La roue tourne.
On a bien tenté de mettre nos lunettes d'ados pour visionner ce film, mais après un moment, après une dose trop importante de contradictions et de stéréotypes, nous n'avons pas pu nous retenir de les enlever pour laisser l'adulte juger. J'ai encore autant de bonheur à écouter 10 choses que je déteste de toi aujourd'hui qu'il y a 20 ans (outch!). Et, je pense que si After avait été à la hauteur, il m'aurait convaincu, ce qu'il n'a pas fait.
On vous invite à découvrir ici une série d'images du film.