Il est difficile de placer Admission dans un carcan défini; une comédie romantique? un drame? une comédie de situation? Admission est un peu tout ça. Ce n'est pas nécessairement un défaut que d'être hybride comme l'est le film de Paul Weitz, mais on en vient, par contre, inévitablement à se demander où on veut en venir. On veut parler de la relation mère-fille? Des enfants qu'on met en adoption? Des remises en question des femmes dans la quarantaine? Des relations de travail? Et enfin, ce sujet qu'on nous propose d'emblée, les admissions universitaires?
Cette idée initiale d'une femme habituée de juger sur papier des élèves brillants et prometteurs qui est séduite par un jeune sans éducation, autodidacte - qu'elle croit être son fils -, s'avère, en effet, suffisamment séduisante pour faire l'objet d'un film. Seulement, l'adaptation cinématographique de ce roman de Jean Hanff Korelitz manque de structure et de rigueur pour atteindre l'effet escompté; les rires et l'émotion. Il est possible aussi qu'en connaissant mieux ce système complexe que représentent les demandes d'admission universitaire aux États-Unis, le rire soit plus instinctif et le sentiment d'appartenance mieux défini que pour un public québécois, inconscient (pour la plupart) des entourloupes de cet univers snobinard.
Tina Fey et Paul Rudd livrent une performance respectable séparément; c'est lorsque les deux acteurs se rencontrent que les choses se corsent. Les disparités de leurs personnages ne sont pas le problème - après tout, les contraires s'attirent et se complètent - c'est plutôt les comédiens qui font preuve d'une incompatibilité perturbante. Pourtant, les deux interprètes sont drôles, baignent dans le même monde et collaborent avec des artistes à l'humour analogue depuis des années, mais, quelque chose cloche. On ne croit pas à cette soudaine affection d'une femme rangée et stricte pour un nomade écologiste et philanthrope. Et, comme on le répète chaque fois, si on veut la réussite d'une comédie romantique, on se doit d'engager d'abord des acteurs compatibles, capables de nous faire croire en l'amour et l'attirance mutuelle de leur personnage. Pour Rudd et Fey, c'est bien davantage une relation d'amitié qu'une idylle amoureuse qui se dégage de leur performance.
Les personnages secondaires sont, quant à eux, suffisamment caricaturaux et amusants pour nous dérider lorsque les protagonistes n'y arrivent pas. Cette mère féministe, égoïste et ancienne auteure à succès nous frappe d'abord par l'aspect stéréotypé de sa personnalité, mais elle parvient à nous charmer malgré tout par son franc parler et son comportement de mésadapté. L'ex petit-ami, maintenant en couple avec une femme contrôlante qui attend des jumeaux, est aussi rigolo malgré ses caractéristiques clichées.
Au final, on ne peut qu'accorder à Admission légèrement moins que la note de passage. 50% pour une idée moyennement bien développée, des personnages assez intéressants, mais pas nécessairement inspirants, et un humour inégal. Un bon p'tit film, sans plus.