Tout au long d'Adam change lentement, le personnage titre voit son corps se transformer à mesure que son entourage passe des commentaires désobligeants sur un aspect de sa physionomie.
Pourtant, personne autour du principal intéressé ne semble faire cas de cette lente métamorphose, qui allonge notamment son tronc, lui donne subitement quelques livres en plus, et va même jusqu'à rétrécir ses mains.
L'adolescence peut être un âge ingrat, dites-vous?
L'heure des vacances d'été ayant enfin sonné, Adam se retrouve avec la responsabilité de s'occuper de la maison d'un riche ami de son père, en plus de devoir tondre la pelouse d'un vieil homme à la santé fragile qui serait assurément riche si la tourbe était cotée en bourse.
Entre les attaques répétées du petit bum du coin, le décès de sa grand-mère maternelle, les déboires amoureux de sa petite soeur et son coup de foudre secret pour Jeanne, Adam cherche tant bien que mal la motivation qui lui permettra d'avancer durant cette période de grands changements tout sauf évidents.
Le premier long métrage de Joël Vaudreuil est un cas encore trop rare dans le paysage du cinéma québécois. Un film d'animation destiné à un public plus mature, mélangeant personnages à l'allure volontairement grotesque et/ou amochée qui auraient été à leur place dans une série du réseau MTV de la fin des années 1990, et arrière-plans lisses et mieux définis aidant à ancrer la proposition dans quelque chose d'un peu plus tangible.
Armé d'un humour pince-sans-rire, Vaudreuil nourrit son arc dramatique du même malaise et de la constante hésitation qui habitent son protagoniste. Prêtant sa voix à ce dernier, Simon Lacroix joue dans les notes voulues, adoptant un ton gêné et effacé (mais jamais froid ou apathique), typique d'un adolescent longeant les corridors en espérant ne pas trop attirer l'attention.
Adam avance, effectivement, lentement, sans faire de vagues, suivant tant bien que mal les conseils de son père et de son meilleur ami, mais se heurtant plus souvent qu'autrement à des résultats décevants.
L'excellente bande originale dominée par les synthétiseurs - aussi composée par Joël Vaudreuil - contribue tout autant à l'atmosphère étrange et au caractère insaisissable (dans le bon sens du terme) de l'oeuvre. Les dialogues se démarquent également de par leur authenticité - autant dans l'écriture que dans l'interprétation -, tout comme ces répliques anecdotiques attrapées au vol, se voulant le reflet d'un univers juvénile où tout semble avoir à la fois trop et aucune importance.
Entre la monotonie et le caractère répétitif du quotidien et l'incapacité d'exercer le moindre contrôle sur la suite des choses, Adam change lentement débouche ultimement sur une très belle conclusion, mettant un point final étonnamment habile et touchant à l'une de ses meilleures métaphores, et ce, sans en renier le caractère absurde et légèrement décalé.
Joël Vaudreuil fait ainsi preuve de beaucoup de dextérité avec son premier film, abordant sous un angle original des sujets et des problématiques archi-éculés, mais avec une franchise et une sensibilité que ne renieraient sans doute pas des cinéastes comme Henry Bernadet et Myriam Verreault.