Le film cendrillon de l'année 2009, Activité paranormale, fort d'un bouche-à-oreille enthousiaste, ne cesse de progresser au box-office nord-américain depuis sa sortie en catimini le 25 septembre. Réalisé pour 15 000 $, le film a déjà amassé plusieurs dizaines de millions de dollars (65 millions $ au 29 octobre). Comment expliquer ce succès indéniable autrement que part l'immense efficacité d'un savant marketing, et par cet axiome (qui s'applique aussi au film) : moins on en montre, plus on a envie d'en voir. Si certaines femmes pourraient certainement profiter de cette évidence, le cinéma aussi, et la sortie modeste d'Activité paranormale démontre que la qualité rapporte davantage qu'une tonitruante campagne de marketing. Le thriller, parent pauvre du cinéma hollywoodien, devrait aussi prendre des leçons de ce film qui installe un climat de tension plutôt que de miser sur un vulgaire mécanisme nerveux.
Katie et Micah vivent ensemble dans leur nouvelle maison de la banlieue de San Diego. Hantée par ce qu'elle croit être une présence maléfique depuis sa tendre enfance, Katie décide de faire appel à un voyant afin de se libérer. Mais ce dernier ne peut rien faire. Afin de percer le mystère, Micah se procure une caméra et filme toutes les activités du couple. La caméra tourne même la nuit, alors que se produisent les événements les plus étranges et les plus effrayants.
Tourné à l'épaule par un personnage à l'intérieur même du film, Activité paranormale, contrairement à District 9 et à l'instar de Cloverfield, respecte sa proposition d'origine. On n'a donc droit qu'à ce que la caméra est en mesure de filmer, et le tout demeure logique jusqu'au bout. Même que les explications limitées qu'offre le film permettent d'installer un climat de tension, de mystère, plutôt convaincant, même s'il semble parfois que les personnages ne prennent pas toujours la décision la plus logique.
Plus le film avance et plus les évidences visuelles que permet la caméra rendent assez improbable l'obstination de Micah. Son obstination à refuser l'intervention d'un spécialiste des questions occultes nous éloigne de lui, et il est fort regrettable que le film, qui s'amorçait si bien, devienne plus artificiel dans la deuxième partie alors que les quelques moments de tension sont forcés par les personnages, qui prennent des risques inconsidérés. Cela les rend totalement inefficaces. Aller affronter un démon invisible avec un bâton de baseball, disons que ce n'est pas l'idée du siècle... Au moins, on ne nous sert pas le coup du petit ami sceptique qui ne demande qu'à être confondu...
Heureusement, ces failles ne sont pas trop nombreuses, du moins pas assez pour gâcher entièrement l'expérience d'Activité paranormale. Un film qui convainc en premier lieu par la modestie de ses ambitions et l'efficacité de sa montée dramatique, mais qui déçoit ensuite par la simplicité de sa conclusion. Et aussi par le fait qu'on sait qu'il va se passer quelque chose... Meilleur que Le projet Blair? Difficile à dire, puisqu'on n'en conserve aucun souvenir depuis un visionnement en 1997. C'est exactement ce qui risque d'arriver avec Activité paranormale, cela dit, un film qui s'inscrit du côté de l'efficacité plutôt que de la longévité.