La maladie et l'amour ont souvent été des thèmes amalgamés dans les livres pour ados et le cinéma s'en est approprié plusieurs. Les gens de ma génération ont pleuré des rivières de larmes sur A Walk to Remember, inspiré du bouquin de Nicholas Sparks, et les plus jeunes ont été émus et troublés par l'histoire de John Green, auteur de The Fault in Our Stars. Everything, Everything est un autre roman pour jeunes adultes qui utilisent les mêmes sujets déchirants. Malheureusement, la relation impossible de Maddy et d'Olly n'a pas le même écho, que d'autres ont eu, sur son public cible.
L'une des principales raisons de ce ratage relève du fait que les deux acteurs principaux manquent cruellement de chimie. On comprend, par contre, qu'il est difficile d'illustrer l'amour lorsque les deux prétendants se dévisagent à travers une fenêtre et se courtisent via texto. Mais, même les scènes au cours desquelles les deux protagonistes se touchent et s'enlacent sont dénuées de passion et d'intérêt. Il faut quand même souligner que la comédienne Amandla Stenberg (18 ans) est un modèle enviable pour la jeune génération interpelée dans le film. Elle ne possède pas le physique typé de ce genre de production. Stenberg est inspirante au contraire de son acolyte de jeu, Nick Robinson, qui n'a pas ce petit « je-ne-sais-quoi » qui faisait de Gus (Ansel Elgort) de The Fault in Our Stars, un personnage fondamentalement attachant et désirable.
Comme il est coutume dans ce style cinématographique, le réalisateur a eu recours à quelques effets visuels pour appuyer son propos et rendre le tout plus ludique. Il y a certains bons coups (notamment les échanges par messages textes qui ont été transformés en conversation entre les deux protagonistes dans les maquettes architecturales construites par l'héroïne) alors que d'autres sont plutôt inutiles (particulièrement cette séquence où des sous-titres apparaissent à l'écran pour nous faire découvrir les pensées profondes des personnages).
Malgré un revirement inattendu à la fin, le récit est plutôt prévisible. Cette condition particulière dont souffre Maddy - un déficit immunitaire combiné sévère (DICS) qui la force à rester enfermée chez elle 24h/24h, 7 jours sur 7 - est certes un bon départ pour construire une histoire d'amour impossible, mais ne tient malheureusement pas la route très longtemps. Les péripéties se bousculent à un rythme effarant et le spectateur ne peut qu'en être dérouté. On a l'impression que le scénariste a choisi de couper des passages essentiels à l'apprivoisement des personnages pour ne garder que l'action, un choix peu judicieux dans le cas présent.
Décoré de musique pop entraînante et de beaux paysages d'Hawaï et du sud de la Californie (sans compter cette maison sublime dans laquelle évolue Maddy), Everything, Everything est un petit film d'ados comme il s'en fait plein aux États-Unis. Pas de larmes à l'horizon ni de grandes conversations sur la mort, la maladie ou la liberté. Les thèmes importants, comme ceux précédemment cités et d'autres (nommément la violence conjugale), sont effleurés en surface sans jamais faire de l'ombre au plus important : la relation invraisemblable entre les deux héros. Reste que Everything, Everything est un divertissement sympathique qui parvient à nous faire sourire à quelques reprises. Est-ce suffisant? C'est à vous de voir...