On aurait pu s'attendre à voir ce film au début février, à la veille de la St-Valentin. L'affiche, la bande-annonce, Rachel McAdams (toujours fortement associée aux comédies romantiques) et le réalisateur, Richard Curtis, laissent tous cette impression de bluette romantique où l'amour impossible finit par triompher. L'équipe marketing voudrait bien vous le faire croire... Pourtant, on est en loin. Certes, About Time aborde cette histoire d'amour qu'il promet dans sa compagne de promotion, mais il ne s'en contente pas. Et c'est pour le mieux.
La leçon, « savourer chaque jour », n'étonnera personne par son originalité. La plupart des péripéties sont mineures, anecdotiques. Mais Curtis en tire le maximum, malgré un contexte difficile à croire. Plutôt la « chronique d'une vie » que la « chronique d'un amour », About Time est en fait un film de famille, où les drames sont évidemment exacerbés. Mais le traitement dynamique (grâce à d'habiles ellipses) permet d'éviter les effusions mélodramatiques de bons sentiments.
Les personnages sont attachants. Domhnall Gleeson et Rachel McAdams sont charmants (ce qui nous mène à un problème central des ces films d'amour : les personnages d'une beauté plastique digne des stars d'Hollywood qui peinent à trouver quelqu'un pour former un couple??? Come on, soyons sérieux) et leur jeu délicat malgré le burlesque de certaines situations rend d'autant plus agréable le long métrage, qui n'est toutefois pas sans longueurs. Les personnages secondaires sont tous défendus avec talent et bonne humeur, ce qui fait d'About Time un film léger malgré les quelques tragédies qu'il présente.
Les dialogues vifs, quelques bons moments humoristiques bien trouvés et bien rendus et le charme général et inoffensif du film contribuent aussi à son succès. La musique, les décors enchanteurs, la bonne humeur générale malgré les quelques drames... on a vraiment l'impression d'être en face d'une recette. Mais parce que l'auteur s'assure de maintenir une cohérence interne, c'est-à-dire qu'il triche assez peu une fois qu'il a établi les paramètres de son voyage dans le temps, on accepte sans trop de difficultés les prémisses d'un récit dont la simplicité est la plus grande force.
About Time est un film qui fait très bien ce qu'il fait, et auquel il serait très malhonnête de demander davantage. Ne proposant pas cette histoire d'amour quétaine habituelle (quoique cela ne signifie pas qu'il n'y ait pas de quétaineries), il parvient même à faire oublier qu'il est construit sur une proposition absurde de voyage dans le temps. Parce que je ne crois pas qu'on puisse voyager dans le passé en serrant les poings dans un placard... En tout cas, je ne m'en vais surtout pas l'essayer.