Comédie musicale inhabituelle qui, un peu à la manière de Moulin Rouge, met les chansons à l'avant-plan. Sauf que cette fois-ci les personnages en souffrent et deviennent des accessoires nécessaires (inévitables, plutôt) qui ne peuvent porter pendant 133 minutes un film si téméraire. Comme successeur à Frida, qui était apparemment plus abouti, Across the Universe manque de finition.
Julie Taymor transpose son talent - reconnu par de nombreux Tony (l'équivalent des Oscars pour le théâtre) - des planches à l'écran - et en musique en plus - dans ce qui se veut être l'inventaire exhaustif de la discographie des Beatles. Ce sont d'ailleurs les grands classiques du groupe anglais qui donnent les grandes lignes d'un scénario qui s'attarde au destin peu banal de Jude et Lucy à travers les grands bouleversements des années 60. Impensable que ce fut une autre époque, de toute façon, mais dommage quand même que le film ne quitte jamais les lieux communs des manifestations anti-guerre, de la vie de bohème et des heures de gloire du peace and love. Les péripéties convenues d'une bonne partie du film se laissent difficilement aborder, malgré les efforts soutenus des comédiens, sans repères dans ce festival pétillant et nostalgique de souvenirs et de « ça me dit quelque chose ».
Il ne faudrait pas blâmer les comédiens tout particulièrement; leur effort est plus que louable, entre danse et chanson. Il y en a tellement d'ailleurs que le drame est moins efficace, que les émotions sont diluées dans un feu d'artifice de couleurs et de décors spectaculaires, comme autant de petites pièces de théâtre toutes convaincantes, mais pas tout à fait cohérentes. Les personnages, souvent trop caricaturaux, ne séduisent pas vraiment, et excepté le petit couple central, ne sont souvent des anecdotes sans grand intérêt. Des personnages jetables et peu charismatiques qui nuisent plus qu'ils n'aident à recentrer le récit.
Parce que Taymor n'ose pas trop s'éloigner du théâtre et de Broadway, les décors sont interactifs et les costumes flamboyants, dans cette fresque au symbolisme lourd et parfois un peu confus. Les nombreux costumes et masques tombent aussi dans l'excès, pour le meilleur et pour le pire. Ce sont pourtant les scènes plus modestes, comme celle avec les fraises, qui sont le plus efficaces et dont l'émotivité latente peut enfin s'exprimer sans maquillage et sans diversion.
Pas un mauvais film du tout, Across the Universe est une proposition audacieuse inachevée qui prend sa chanson-titre à la lettre et tente de la mettre en images. Au menu, donc : « pools of sorrow, waves of joy, drifting thorough my open mind », et le pari - un peu raté - qu'on peut faire apprendre et aimer l'Art par un gavage pur et simple de créativité.
Comédie musicale inhabituelle qui, un peu à la manière de Moulin Rouge, met les chansons à l'avant-plan. Sauf que cette fois-ci les personnages en souffrent et deviennent des accessoires nécessaires (inévitables, plutôt) qui ne peuvent porter pendant 133 minutes un film si téméraire. Comme successeur à Frida, qui était apparemment plus abouti, Across the Universe manque de finition.