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Course sociale contre la montre.
On aurait pu appeler ce film « Cours Julie, cours » en référence au film culte allemand « Cours Lola, cours » datant de la fin des années 90. En effet, ici, rythme et cadence cinématographique sont utilisées à leur plein potentiel et de manière métronomique et gérée de main (enfin de caméra) de maître par Eric Gravel. Rarement, la tension, le sentiment d’alerte et le stress n’avaient été aussi bien rendus sur le grand écran. Et pourtant on n’est ni dans un polar (comme le film germanique cité précédemment) et encore moins dans un film d’horreur censé nous faire sursauter et avoir peur. « A plein temps » est tout simplement un film social, une œuvre sur l’urgence et les transformations sociétales capitalistes à laquelle font face une bonne partie des français à l’heure actuelle. Donc une œuvre en phase avec les préoccupations de l’époque.
Durant une heure et demie top chrono - qu’on ne voit pas défiler - « A plein temps » nous immerge dans le quotidien d’une française lambda qui a du mal à relier les deux bouts. Séparée, deux enfants à charge, un boulot précaire, pas de véhicule privé et des grèves phénoménales vont rendre la semaine du personnage principal très tendue et compliquée. Et le film de Gravel nous le fait ressentir chaque seconde. On ne lâche pas un seul instant le personnage incarné par Laura Calamy qui ne quittera pas la caméra une seule seconde. Pour un tel rôle il fallait une comédienne aguerrie et tout terrain. Et le choix de prendre la récipiendaire du César de la meilleure actrice l’année dernière est un coup de maître. Encore une fois la comédienne ne joue pas son rôle, elle le vit. Et nous avec elle. Et une nouvelle fois, elle est l’atout maître de ce film social qui s’apparente à un thriller.
Le montage, la caméra à l’épaule pour certaines séquences et une bande sonore immersive nous immerge totalement dans le chemin de croix logistique et administratif que le personnage subit. On est stressé pour elle. On a peur pour elle. On est en empathie profonde pour ce qu’elle vit. Ce film permet clairement de prendre le pouls d’une société malade et qui va droit dans le mur entre uberisation galopante, précarité de plus en plus insoutenable et aberration administrative. « A plein temps » remet les pendules à l’heure et s’avère presque plus palpitant que n’importe quel thriller ou film policier. Pas une minute de trop, aucun manque dans les développements et une maîtrise de chaque instant pour une plongée sociale éreintante mais surtout salutaire et nécessaire. Ce que le film n’offre pas sur le plan cinématographique de par son sujet, il nous le donne sur le fond, puissant et qui tombe à pic.
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Une course au quotidien.
Malgré sa course effrénée, Julie conserve son calme et sa bienveillance.
Courez voir ce film!